La sortie d’un nouveau James Bond est quoi qu’en disent les médisants un petit évènement cinématographique. Pour moi c’en est même un grand car comme beaucoup j’ai grandi avec l’agent double zéro sept (50 ans de films, ça force le respect, Happy birthday Mister Bond !) Les teaser et bande-annonce de ce Skyfall m’ont fait baver comme jamais, plans et photo chiadés (Sam Mendes à la réal, quel pied !), scénario en apparence qui pouvait titiller le spectateur et fan que je suis, comme il se doit. Qu’une seule hâte, que la pénombre s’installe dans la salle pour me laisser en tête à tête avec mon agent du MI-6 préféré pour 2h23 de plaisir pur et sans fioriture.
Le film commence et le plaisiromètre est à son maximum, la scène d’ouverture envoie le bois, rien à dire, Mendes maîtrise son sujet, le découpage est travaillé, l’action est lisible, limpide, choses qui manquaient cruellement à l’opus précédent de Mark Forster. Cette séquence pré-générique nous plonge dans le bain avec succès malgré quelques incrustations foireuses et un mixage manquant de relief (bruitages et sons d’ambiance trop en retrait, retirant quelque peu le punch de l’action) c’est du détail me direz-vous, je suis d’accord mais ça méritait d’être dit ;)
Arrive alors, le fameux générique made in Bond, et là encore rien à dire, c’est une réussite, c’est beau, la chanson colle parfaitement à la situation, on bat la mesure, hoche la tête en rythme, les sourires se forment, je suis aux anges, entre de bonnes mains, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le film entre peu à peu dans le vif du sujet, l’intrigue s’installe dans la continuité de la séquence d’ouverture. Un disque dur contenant des données hautement confidentielles est perdu dans la nature mettant en danger l’identité d’agents sous couverture. Un ultimatum sur la divulgation des données est annoncé et le sacro-saint de l’intelligence service british est attaqué en plein cœur. Whooouuuuuhaaaaa ça commence fort, c’est peut-être un brin réchauffé mais diantre ! Quelle efficacité !
Malheureusement c’est à partir de là que le film va inexorablement s’enliser d’un point de vue rythmique et scénaristique. Les séquences s’enchainent sans temps forts ce qui est quand même problématique car on ne ressent ni tensions, ni dangers immédiats, le film est totalement dépourvu de suspense. Les temps morts s’accumulent, l’intrigue principale s’efface peu à peu devenant une sous intrigue qui finira en queue de poisson. Le métrage s’intéressant finalement plus particulièrement au personnage de Bond, sa psychologie, ses origines, pourquoi pas, ça peut être intéressant... Mais en fait non, car nous n’apprendrons rien. Les informations distillées ne sont pas pertinentes car sous entendues ou clairement énoncées dans d’autres métrages de la saga. L’entreprise pour donner plus de clarté au personnage se révèle vaine voire absurde et cela jusqu’à la fin du film.
Même la situation de pseudo-décès de l’agent 007 qui aurait pu amener du panache au scénario et une réelle réflexion du personnage est sous-exploitée devenant contre-productive.
Bon bah là, on est mal barré... Hoooo mais que vois-je ? Une lueur d’espoir ? Oui tout à fait ! La première apparition de Javier Bardem mes amis !
Juste excellent. On découvre un personnage déstabilisant, malin et machiavélique, sa tirade d’entrée est d’une saveur exquise n’augurant que le meilleur pour la suite. On se demande pourquoi le personnage arrive si tard (Sniff...) enfin un protagoniste qui peut malmener l’ami James, un personnage miroir le poussant dans ses retranchements, créant dilemme et réflexion. Mais là encore, c’est loupé, le soufflé, à peine monté, retombe méchamment. Le pauvre Javier se retrouve dans la peau d’un personnage à la complexité toute relative débouchant sur de la psychologie de comptoir atteignant les sommets du ridicule dans le grand final.
Le scénar est bancal, mal construit et le manque de fluidité dans la narration se fait ressentir. En essayant de bouffer à tous les râteliers les auteurs s’y perdent et le spectateur est le premier à en pâtir. Le script aurait gagné à aller à l’essentiel pour une meilleure efficacité et une adhésion du public à la cause des personnages et ainsi les accompagner et les soutenir dans la difficulté. Personnellement je n’ai jamais été touché, même lors d’un événement culminant du film. Et là il y a un gros problème.
Evidemment il faut être honnête, tout n’est pas à jeter, Sam Mendes a assuré derrière la camera, il nous en met visuellement plein les yeux, bien aidé par la photographie fabuleuse de Roger Deakins, quel travail ! ça force l’admiration, les séquences du building à Shangaï, de l’arrivée à Macao et du grand final sont d’une beauté à couper le souffle.
Evidemment les clins d’œil - hommage aux anciens films de la saga redonnent le sourire même s’ils sont parfois trop appuyés. Mais c’est un anniversaire, ça se fête, donc c’est franchement excusable.
Et puis il y a cette dernière séquence, juste avant le générique, un vrai plaisir pour tout fan qui se respecte annonçant que du bon pour la suite. (Croisons les doigts :p)
Mais tout cela est tout de même un maigre lot de consolation à la vue de l’ensemble de l’œuvre proposée ici.
Quelle déception ! J’aurais voulu l’aimer ce Skyfall mais même épris de la meilleure volonté du monde ce n’est vraiment pas possible. So sorry James...
Je ne me laisse pas abattre pour autant, car même sous le coup d’une déception immédiate, ce fameux carton est apparu ; « James Bond reviendra. » et là, impossible de ne pas esquisser un sourire rempli de joie, mon affection apparemment inaltérable pour la franchise m’incitera une fois de plus à pousser la porte de mon cinéma et découvrir une 24ème mission de l’agent britannique, en espérant que celle-ci soit réussie. Bref, à bientôt James !
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