Il en a fallu du temps pour que ce Skyfall voie le jour. Et pour cause, le début de son développement en 2010 fut perturbé par les problèmes financiers de la MGM. Un démarrage qui laissait prévoir le pire, comme un tournage à l’abandon ou bien fait avec rapidité (ce qui s’est passé pour le « scénario » de Quantum of Solace), malgré un papier alléchant (trame approfondie, Javier Bardem en méchant, Sam Mendes à la réalisation). Enfin, ce jour est arrivé, celui où Skyfall, 23ème opus de cette mythique saga, sort enfin sur nos écrans. Résultats ? (ATTENTION, GROS SPOILERS !!)
Tout va mal pour le MI6 ! Après avoir perdu une liste contenant tous les noms de ses espions, l’agence est attaquée. Un événement qui remet en cause l’autorité de M, qui doit alors découvrir le responsable de tout ce tapage. Et pour cela, elle ne peut se confier qu’à son seul allié de confiance : James Bond. Mais derrière une simple mission se cache un lourd secret dont M n’est pas étrangère et serait même responsable.
Il faut bien se l’admettre, depuis quelques temps, James Bond lorgnait bien plus sur Jason Bourne que sur lui-même. Une observation qui s’était confirmée avec Quantum of Solace, qui nous offrait des séquences d’actions brutales et trépidantes appartenant à l’univers de l’ex-agent de la CIA, pas à notre agent britannique. Et malgré une scène d’action en guise d’ouverture digne de ses deux prédécesseurs (très réussie, soit dit en passant), Skyfall prend un tout autre chemin. Celui du « à cheval ». Entre la nostalgie d’une saga vieille de 50 ans, en reprenant de nombreux clins d’œil (l’Aston Martin DB5, présence de quelques gadgets…) allant jusqu’à se rapprocher des films d’antan sur bien des scènes (Bond en pleine action vêtu d’un costume-cravate, séquence avec un animal dangereux, Bond à la conquête des femmes, répliques après chaque action, décors exotiques) ; mais aussi le renouveau lancé par Casino Royale, dont l’image de Bond. C’est d’ailleurs sur ce point que Skyfall se démarque des autres, nous livrant un 007 différent de tout ce qu’on a pu voir jusque là : grossier, mal rasé, alcoolo, blessé, fragile, sensible (on le voit tout de même pleurer !). Mais ce que nous retiendrons de ce film, c’est incontestablement le travail fourni au niveau des personnages. Jamais un film James Bond n’avait était aussi approfondi de la sorte ! Déjà 007, allant jusqu’à dénicher son passé pour un final qui ferait douter que l’on se trouve dans la saga, plus humain que jamais. M, que l’on voit pour la septième fois, a enfin une histoire, et quelle histoire ! Un secret qui a engendré le méchant du moment, un Silva qui prouve que les scénaristes ont été grandement influencés par The Dark Knight (Bond affrontant son double maléfique, également agent, qui se caractérise par sa dangereuse folie, son intelligence et ses longueurs d’avance). Même si on a quelque fois l’impression de ne pas voir un James Bond (le final, une demi-heure au domaine Skyfall, « berceau » de 007, où tout va se jouer) et que cela puisse paraître de bizarre de voir un jeune Q, ce film est une véritable merveille scénaristique. Pour le soin apporté à la trame, qui ose bouleverser l’image même de Bond (le rendant plus proche de nous), le happy end classique (semi-échec de la mission car, si le méchant meurt, M aussi) et prolonger la continuité des deux premiers films (devant se dérouler avant tous les autres films, on y voit enfin comment Bond et Monneypenny se sont rencontrés, comment M s’est fait remplacée par un homme, le bureau de ce dernier avec l’ancienne décoration…). Certains crieront au scandale, certes. Mais qu’importe ! C’est une merveille scénaristique !
Une merveille qui ne serait rien sans son casting. Daniel Craig rempile donc une troisième fois la peau de 007, et l’interprète de manière exceptionnelle, lui offrant l’humanité que le personnage cachait en lui depuis bon nombres de films (juste entraperçus dans Casino Royale). Derrière sa brutalité et son machisme, il dégage un grand charme, de l’humour et surtout une sensibilité bienvenue (le voir pleurer avec M dans les bras fait quelque chose !). Judi Dench tient enfin là l’occasion d’approfondir son rôle, la rendant bien plus charismatique et touchante que dans les films précédents. Les James Bond Girls sont également de taille : Naomie Harris joue de son naturelle, Bénérnice Lim Marlohe de son charme (mais il serait temps d’arrêter d’en faire tout un plat quand une Française est à l’affiche d’un film international, vu qu’elle n’apparaît dans le film que très peu en comparaison de ses partenaires). Ralph Fiennes est toujours aussi bon, Ben Whishaw par son humour très british (même si voir Q jeune surprend). Mais le grand patron est sans conteste Javier Bardem, nous livrant, sans l’ombre d’un doute, le meilleur méchant de la saga ! Lui donnant toute une folie, tout un humour, un charisme, une cruauté, un sadisme… un véritable Joker (encore l’influence de The Dark Knight) ! Surpassant de loin sa prestation dans No Country For Old Men !
N’oublions pas non plus tout le côté technique de l’ensemble. Excellents effets spéciaux, chorégraphies des scènes d’action soignées, mise en scène impeccable (en même temps, c’est Sam Mendes !)… Tout ce qu’il faut pour faire de Skyfall un très excellent film d’action ! Sans oublier la bande originale, notamment la chanson de la star du moment Adèle, offrant ainsi l’une des plus belles voix et chansons des génériques James Bond de toute l’histoire de la saga.
Bref, Skyfall, on l’aura attendu, c’est sûr ! Mais cette longue attente a été payante : ce 23ème opus est, à ce jour, le meilleur opus de la saga ! Meilleur pour son scénario, travaillé. Meilleur pour son casting, exceptionnel. Meilleur pour son antagoniste, mémorable. Meilleur pour l’image de James Bond, plus humain que jamais. Meilleur tout simplement parce que Sam Mendes est derrière tout ça, et que l’avoir choisi en tant que réalisateur est sans nul doute la meilleure chose qui soit arrivé pour le tournage de Skyfall, le reste ayant automatiquement suivi. Mission accompli !