On a tous grandi avec le personnage de 007. Selon nos souvenirs il fut Roger Moore ou Sean Connery, Timothy Dalton ou Pierce Brosnan. Et puis Daniel Craig, pour les quatre derniers.
Au fil des films, les codes de la franchise Bond sont devenus universellement connus ; pas un épisode sans gadget, sans super méchant, sans James Bond Girl pulpeuse, sans vodka-martini..etc
Mais Skyfall est à part. Skyfall met à plat l'ensemble du mythe auquel nous étions habitué pour mieux le reconstruire. Ce qui en fait le plus intéressant de tous les James Bond (et ce qui en a déboussolé certains).
Prenons un par un chacun des motifs de déconstruction du mythe :
- L'intro : James Bond échoue, abattu pas ses propres services
- Le super méchant : pas un tyran, pas un mafieux russe ou coréen mais un ancien collègue.
- Le géant garde du corps du méchant (parfois à mâchoire d'acier ;) : absent
- La vamp de service : Ici Séverine. 1- Bond ne la met pas dans son lit et 2-elle meurt bêtement sans que Bond n'y puisse rien
- Les gadgets : le minimum (un pistolet, une radio)
- Le personnel : entièrement renouvelé à l'issu de l'épisode
- La James Bond Girl : Elle n'est pas un objet sexuel. Il ne la met pas dans son lit. Il ne la domine pas. Elle l'abat, puis elle le rase, puis le traite (gentiment) de "vieux singe avec de nouvelles grimaces"
- Le MI16 : hacké, investi jusqu'au au cœur, détruit à l'explosif
- La mort du méchant : peu spectaculaire et très peu gentleman (Silva poignardé dans le dos)
- James Bond lui-même : affaibli physiquement et psychologiquement une grande partie du film, inapte aux tests
- Les origines de James Bond : sa voiture, la maison de ses ancêtres détruites dans la dernière scène
- M l'éternelle boss du MI16 s'efface
Alors oui, Skyfall est un très grand spectacle cinématographique au scénario plein de surprises, aux décors grandioses mais c'est surtout cette déconstruction et cette prise de recul parfois traitée avec autodérision qui font de ce 23ème James Bond un film tout à fait particulier.