Skyfall est un film à la limite de la schizophrénie.
D'une part, c'est un excellent film d'action, voire le meilleur de cette année 2012 : photographie qui démonte volontiers ma maman avec des jeux d'ombre magnifiques et de la couleur qui pète (chose qui avait disparu depuis les Jason Burne et leur teinte monochrome), scènes d'action lisibles, score potable qui ne te remplit pas l'espace sonor comme les matraquages simiesques des tambours zimmeriens... bref un travail formel qui, c'est triste à dire, fait vachement de bien en ces temps de dyslexie cinématographique des blockbusters.
Manque de pot, d'autre part c'est un James Bond de merde, qui préfère s'intéresser au complexe d'Oedipe de ses personnages plutôt que de montrer un énième sauvetage du monde avec rictus narquois, emballage de gonzesse d'une main et pistolet assassin de l'autre, le fantasme masculin par excellence, James Bond quoi ! Se renouveler pourquoi pas, mais si c'est pour perdre tout l'aspect que j'affectionne du personnage, ici un dépressif subissant le scénario et courant après sa maman freudienne avec pleins de scènes à te faire souffler de connerie (Bond et Silva sont un peu vénère contre M car elle fait son travail, vous êtes sérieux les gars ?) et en guise de méchant un village people qui fait un plan alambiqué et insensé à la Nolan, je suis dubitatif.
Ce traitement rageur du personnage n'a pas provoqué d'aigreurs à mon estomac, j'étais trop occupé à admirer les images qui m'ont délicieusement collé à la rétine : la moyenne, donc. Un film équilibré.