Linklater filme en plans-séquence, lents et glissants, des gens désœuvrés (souvent blancs, souvent masculins, souvent trentenaires), des parias hostiles à la société qui tournent en rond dans leur tête, dans la ville et dans la vie. La réalité s'embourbe : rêves, complots, mensonges, solipsismes, anecdotes grotesques, récits falsifiés, rhétoriques absurdes... Slacker est une fenêtre ouverte sur un monde liminaire où la réalité morcelée n'a de cesse d'échapper à ceux qui tentent de la saisir, où indécision et ennui font loi - à moins que peut-être de s'assembler en multitude, de rompre avec la solitude pour partir en courant avec ses amis et s'amuser aussi follement que possible - "on n'a pas le temps" crient une bande d'enfants courant dans un terrain vague - comment faire durer la joie d'être ensemble ?