Deuxième film du conceptuel Linklater, le réalisateur en personne donne les clefs de son film dès la première scène, lors de son dialogue avec un chauffeur de taxi : autour de nous, ce qu’on traverse, quitte, peut se déployer comme une réalité alternative dont nous sommes conscients uniquement en rêve, et les événements imaginés prennent vie.
Sur ce principe, à chaque nouveau personnage croisé, la caméra le suit et abandonne ainsi son précédent sujet. Le résultat est un film expérimental qui offre une belle tranche de vie d’Austin dans les années 90. Ainsi on ne croisera jamais deux fois les mêmes personnages.
Linklater montre déjà un style de réalisation fort, même si la technique est imparfaite. Ainsi les cadrages et mise en scènes, au début très maitrisés — comme le passage du taxi à la femme renversée, ou du pilier de bar conspirationniste à la maison — s’érodent au fil du film pour devenir plus brouillon, plus informe. On pourrait tracer un parallèle et dire que le film se fatigue lui-même. Car le point négatif de Slacker c’est la longueur de son format. Si le concept est intéressant, il aurait mérité un format plus court, quasiment sériel.
Si certaines scènes sont géniales, d’autres sont banales voire ennuyantes, et l’ensemble mis bout à bout, sans répit ni pause, lasse rapidement.