J'étais pas parti pour écrire une critique, mais après avoir revu ce film bien longtemps après sa découverte au début des années 2000, je l'ai entièrement réévalué parce que j'ai été carrément emballé. De 6, je suis donc passé à 8, c'est un beau pas en avant ! Pourtant, j'ai souvent eu du mal avec Burton, il y a des films de lui que j'aime comme le premier Batman ou Beetlejuice et Mars attacks, d'autres qui me semblent intéressants tel Ed Wood, mais il y en a certains que je n'aime pas du tout comme Edward aux mains d'argent.
Sleepy Hollow se place donc très bien dans mon appréciation burtonienne, et ce pour différentes raisons. La première c'est que c'est du grand Burton à l'ambiance gothique, à première vue, on peut penser à un clin d'oeil à l'esthétique de la Hammer, mais il y crée sa touche très personnelle, c'est tout à fait le genre de sujet qui intéresse le réalisateur, et son grand atout c'est justement son ambiance, une ambiance cauchemardesque, sombre et pleine de mystère qui s'appuie sur une banale enquête policière, mais au XVIIIème siècle et dans un village rural de la Nouvelle Angleterre. Ce décor de village est très important dans la perception du spectateur : ses maisons de bois et de torchis sombres, ce vieux moulin délabré, cette forêt lugubre, cette atmosphère brumeuse... tout ceci participe à cette ambiance et à l'action, c'est un contexte parfait avec une reconstitution d'époque remarquable jusque dans les moindres détails.
Burton traite aussi des thèmes sérieux avec son humour habituel, en renvoyant dos à dos le rôle de la religion et de la science. Il dose aussi parfaitement la frontière entre réalité et légende qui est mince, l'univers et l'imaginaire fantastiques sont riches. Malgré cette combinaison d'éléments en plus des têtes coupées et du sang qui coule, on n'est pas dans un film d'horreur, car Burton réussit l'exploit de désamorcer l'horreur par de l'humour, mais surtout à donner une véritable identité fantastique en s'appuyant sur le surnaturel, le tout avec la complicité de son musicien fétiche Danny Elfman dont la musique envoûtante participe elle aussi à l'ambiance. La photo, le visuel sont bien évidemment de la partie, de façon virtuose, les ombres sur les visages ou dans les pièces des habitations, tout ceci c'est du fantastique pur.
Les acteurs enfin : voir dans un même film des gens comme Michael Gambon, Christina Ricci, Christopher Walken, Christopher Lee, Casper Van Dien, Miranda Richardson, Richard Griffiths, Ian McDiarmid ou Alun Armstrong... ne peut que réjouir, c'est un casting royal. Burton ré-emploie plusieurs acteurs avec qui il a travaillé comme Walken (Batman le Défi), Jeffrey Jones (Beetlejuice), Martin Landau (Ed Wood), Michael Gough (Batman), certains ont même de petits rôles... et bien sûr son acteur fétiche Johnny Depp, pour qui je n'ai aucune attirance, mais ça ne m'a pas vraiment gêné. Le seul truc que j'ai trouvé un peu idiot, c'est l'aspect timoré et émotif de son personnage, je trouve que ça n'est pas très crédible pour un policier scientifique du XVIIIème.
Voila donc un conte fantastique brillant que j'ai eu raison de revoir. Et qui sait ? la prochaine fois, la note peut grimper encore.