Bourg de Sleepy Hollow, les têtes tombent.
En l’espace de quinze jours, trois personnes y ont été retrouvées décapitées, c’est alors que l’inspecteur Crane, qui ne jure que par la science et la logique, y est envoyé pour résoudre ce mystère…
Huitième film de Tim Burton et dernier à sortir au XXème siècle, Sleepy Hollow prend d'abord le temps de présenter le contexte et les personnages avant de pleinement nous immerger dans un univers sombre et gothique comme le metteur en scène de Ed Wood les affectionne. C'est dans cette ville où les tête tombent, soi-disant selon un cavalier sans tête revenant se venger, qu'il nous emmène, s'attardant notamment sur Crane dont la rationalité le fait parfois passer pour un fou, ainsi qu'un magistrat. Il exploite bien ce "choc des cultures" entre Crane et les habitants et mœurs de cette ville et laisse tout le long planer une certaine ambiguïté et mystère sur le récit et les personnages, notamment le "cavalier sans tête".
On reconnaît assez vite que l’on nage dans un film de Tim Burton mais si le réalisateur a une filmographie inconstante, du moins depuis l'entré dans le XXIème siècle, cette adaptation d’un classique de la littérature américaine publié en 1820 est clairement un grand cru. Il exploite à merveille une excellente histoire qui arrive à nous surprendre à chacune de ses péripéties, mais au delà même de l'histoire, c'est clairement par son ambiance que Sleepy Hollow brille. Il nous immerge au cœur d'une atmosphère sombre et brumeuse totalement prenante, flirtant régulièrement avec le surnaturel, débordant d'idées ingénieuses et distillant peu à peu plusieurs éléments entretenant le mystère et l'aspect fantastique.
Le réalisateur de Batman ne laisse rien au hasard, notamment dans sa réalisation et fait preuve d'une certaine science du détail, s'attachant parfois à des éléments semblants insignifiants mais qu'il sait bien mettre en valeur, notamment à travers des plans savamment pensés. Bien aidé par la superbe partition de Danny Elfman, il exploite à merveille une belle reconstitution (décors, costumes, paysages etc) où l'on navigue entre forêts sombres, bourgade et temps pluvieux et brumeux. Si Johnny Depp est à son aise dans le rôle de l'inspecteur et brille, à nouveau, sous la direction de Burton, Sleepy Hollow bénéficie aussi d'excellents seconds rôles, notamment un inquiétant Christopher Walken ainsi qu'une Christina Ricci de toute beauté, innocente qui prend place au panthéon des héroïnes de Burton.
Doté d'un charme fou, Sleepy Hollow constitue l'une des plus belles réussites de Tim Burton, clôturant brillamment un excellent début de carrière durant la fin du XXème siècle. Proposant une synthèse de ce qu’il sait faire de mieux et emmené par d’excellents comédiens, il orchestre son récit avec brio et nous immerge dans son univers macabre, brumeux et surnaturel à souhait.