Librement adapté de la nouvelle homonyme de Washington Irving, La Légende de Sleepy Hollow, Tim Burton, remonte le temps pour racontée la légende hantée de Sleepy Hollow, embarquant Johnny Depp en 1799 dans un petit village où un cavalier fait régner la terreur. Mystère, romance, humour, confrontation de la raison à l’imaginaire, cauchemar et conte de fées, oubliez tout ce que vous avez pu voir sur la légende du cavalier sans tête…


Voir c’est croire


La légende de Sleepy Hollow, certains ont pu la lire enfant. C’est une des histoires d’Halloween les plus effrayantes gravée pour certain dans leur subconscient. Deux dessins animés (« The legend of Sleepy Hollow » en 1958 par le collaborateur de Walt Disney Clyde Geronomi puis « The Night of the headless horseman » en images de synthèse), un court métrage « Rip leaving Sleepy Hollow » en 1896, des téléfilms dont un en 1980 avec Jeff Goldblum, dernièrement une série télé de 4 saisons au total.


Du sombre, du surnaturel, du gothique, du brouillard, un long pont couvert peu rassurant, une forêt peuplée d'arbres morts sans oiseaux, de la sorcellerie, un silence pesant tout en étant paisible, une ville où l’on sent la peur, le malheur et le lieu interdit, une communauté louche cachant quelque chose, Tim Burton jubile en réalisant sa version du cavalier sans tête. Ca tombe bien, nous le gore, les histoires fantaisistes horrifiques, on adore. Et si Johnny Depp fait encore parti du casting, alors là on dit banco.


Grâce à son enquête policière basculant dans le fantastique/horrifique, ses courses poursuites à pied ou à cheval à la fois prenantes et angoissantes (dont une se trouvant dans un lieu inhabituel), ses musiques envoutantes, ténébreuses, intenses et frémissantes signées Danny Elfman, ses flashbacks énigmatiques et son histoire d’amour peu encombrante, Sleepy Hollow, malgré le fait que son intrigue se situe au XVIIIe siècle, une époque où les hommes portaient des perruques craignos, les costumes sont somptueux, tout comme les décors mêlant gothisme, fantastique où on sent réellement le danger arrivé. La manière dont sort de la brume notre cavalier sans tête est d’une virtuosité à couper le souffle.


Sleepy Hollow c’est le genre de film dont on pourrait largement en faire des cauchemars. Sensation d’oppression, de menace imminente, peur de l’inconnu, ombres, hurlements, flammes, notre film reproduit brillamment ses sensations éprouvées enfant ou adulte. Fasciné par les films de la Hammer tels que les Dracula et autres Frankenstein, Burton s'éclate, livrant une esthétique d'une éclatante beauté, utilisant intelligemment les effets de brouillard, laissant libre court à son imagination. Bien que l’histoire reste prévisible et peu originale, on ne peut s’empêcher de lâcher l’écran, captivé par la beauté renversante du long métrage froid, lugubre, et inquiétant, accompagné d’une musique ensorcelante.



Je n’aurais pas dû venir à Sleepy Hollow, mon amour pour la raison se
heurte au monde des esprits.



Attention à votre tête


Quoiqu’il puisse laisser penser aux premiers abords, Sleepy Hollow n’enchainera pas les séquences violentes. Tout est parfaitement dosé : les enjeux, le développement des personnages, flashback sur les origines du cavalier à l’époque où il avait encore sa tête et limait ses jolies dents pour être pointues histoire d’être un type féroce et sanguinaire, les mises à mort plus tournées en dérision qu’en choc (le choc est là mais il est plus minime), l’humour bien amené. Sleepy Hollow, c’est un fait, il n’est pas à mettre dans toutes les mains.


La violence est bel et bien là MAIS, ici, elle se veut amusante, cool, divertissante voir carrément fun. Montrée de manière amusée, Burton arrive à équilibrer ce sentiment avec le climat réellement inquiétant de son film. A la fois on frémit, à la fois jubile. Etrange comme sensations et pourtant, c’est vrai. L’aspect surréaliste des lieux et de l’époque est incroyablement réel. On ne sait pas si on rire ou trembler de terreur, c’est ce qui est le plus réussi dans ce film.


Christina Ricci naïve, très romantique et généreuse attendant le prince charmant a une sacrée présence un peu comme le disait Tim Burton dans une interview « comme une actrice du muet). Immobile, son regard énigmatique interroge. On ne sait pas ce qu’elle pense. Cheveux et sourcils blonds, teint pale Burtonesque, Ricci est parfaitement dans le ton d’une œuvre de l’univers de Burton.


Surprise du coté de Johnny Depp qui, pour une fois, fera moins le clown qu’à l’accoutumée. Interprétant l’inspecteur Crane, Depp, offre un personnage rationnel, prétentieux, excentrique, sûr de tout, au raisonnement très scientifique. C’est là toute l’intelligence et la complexité du personnage amené à évoluer, changer complètement ses croyances. Usant de méthodes scientifiques avec tout un tas d’instruments du style steampunk faits maison (faisant des autopsies alors qu’à l’époque c’était mal vu), Crane va devoir s’ouvrir aux choses.


En surface, Crane à l’air courageux, se considérant comme un type viril. MAIS, dès qu’il met les pieds à Sleepy Hollow, le véritable visage du policier apparait. Sensible, fragile, réservé, un peu à fleur de peau, plus de cinq évanouissements pour notre héros, ça fait beaucoup pour un type censé jouer les males dominant. Résultat : Depp joue les parfaits imbéciles. Mythique.


Sleepy Hollow peut se vanter d’avoir dans ses rangs Johnny Rico (Casper Van Dien jouant le principal prétendant macho et un peu trop possessif de Christina Ricci), L’empereur Palpatine (Ian McDermid), le comte Dracula (le grand Christopher Lee), Albus Dumbledore (Michael Gambon), La femme Martienne de Mars Attack (le mannequin Lisa Marie), MONSIEUR Martin Landau en personne, et le morbide Christopher Walken. Tous et toutes livrent une prestation plus que convaincante.



Le cavalier est en chemin et ce soir, il vient pour vous !



Au final, gore giclant et éclaboussant, ambiance terrifiante, incroyablement fun, décors et paysages superbement peints, Tim Burton, toujours très visuel, livre avec son Sleepy Hollow un incroyable conte horrifique aussi beau que glaçant, le tout accompagné d’un Johnny Depp sombre, torturé, ambigu et maladroit. Inattendu, mélancolique, une immersion totale dans un petit village où la mort, le tonnerre et le brouillard ont élu domicile. Vous avez l’estomac solide ? Ne loupez pas ce petit bijou.

Jay77
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le 4 janv. 2018

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Jay77

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