Tu regardes à gauche, quand soudain...

A première vu Paul Mac Guigan ne sait pas trop où il va. Son Slevin commence comme un thriller ultra violent, finit comme un thriller ultra violent, et entre les deux on a une comédie à base de héros malchanceux, de Lucy Liu hyperactive et d'homme de main complètement débile. Pourtant tout ça est cohérent, et répond à l'objectif du film qui est de nous niquer le cerveau.

C'est la théorie du Kansas City Shuffle. Tu regardes à gauche, et le coup vient de la droite. C'est l'art d'être là où personne ne t'attend.

Et Paul Mac Guigan ne ment pas sur la marchandise. Il nous offre un des meilleurs twist final de l'histoire du cinéma. Mieux que Usual Suspect et Sixième Sens c'est Slevin.

On peut quand même regretter certaines lourdeurs dans la mise en scène. Abus de gros plan, bande son trop conventionnelle, et ellipses inutiles. Ca donne un ensemble très kitsch, que certain qualifieront d'indigeste et qui explique la moyenne assez basse et le fait que je ne met pas 10. Clairement la subtilité n'est pas le fort de Mac Guigan, mais il se rattrape d'autres manières.

J'ai notamment bien aimé la façon dont sont dépeint les deux parrains rivaux, enfermés au sommet de leur tour d'ivoire, leur rançon du succès. Deux paranos qui se regardent de travers en essayant de deviner ce que l'autre à en tête. Et c'est pas seulement un image, leur "tour d'ivoire" sont de travers, on se demande bien pourquoi d'ailleurs. Ce qui résume assez bien la force symbolique de l'œuvre, mais aussi son manque de subtilité.

Pour résumer il y'a du bon et du mauvais, mais le bon l'emporte si largement que je suis près à passer l'éponge sur les nombreux points faibles. Et puis il y'a aussi un aspect affectif. Slevin a été une de mes premières claques cinématographiques. Un film qui m'a marqué, si bien qu'il m'arrive de chanter le Kansas City Shuffle sous la douche.