Après avoir vu Cobra, j'ai eu envie de films policiers, mais un peu décalés et funs, dans le genre de The boondock saints. J'ai repensé alors à Slevin, film dont on m'avait vanté les répliques... à moins que je n'aie confondu avec un autre ?
Il y a une jolie photographie, un générique de début classe, mais des effets vidéos vraiment moches, et dans une scène un montage ultra cut, qui semble avoir été pensé de sorte à battre des records d'incompréhension. Pour les flashbacks, en plus de l'étalonnage terne, on a moins de 25 images par seconde ; ok ça sort de l'ordinaire, mais c'est désagréable à voir !
Slevin débute avec un type qui attend dans un aéroport, quand soudain, on ne sait pourquoi, Bruce Willis se met à lui raconter une histoire hyper longue. Un récit au cours duquel il passe d’un personnage à un autre par une formule de transition qui se veut pleine d’esprit, mais qui fait à chaque fois forcée. Un élément visuel raccorde aussi entre chaque personnage, même s’ils se trouvent dans des endroits différents, ce qui fait vraiment fake.
L’histoire présentée par Willis est telle qu’on n’en voit que dans les films de gangsters américains : il est encore question d’un homme tellement sûr de gagner (aux courses, dans le cas présent) qu’il parie une grosse somme d’argent qu’il ne pourra rembourser. Et il perd, bien sûr. J’ai automatiquement de l’antipathie pour ce genre de couillon, assurément parce que ce n’est pas mon genre de faire ça. Mais ça m’énerve ces personnes qui se foutent eux-même dans la merde par leur irresponsabilité.
Après la fin de ce récit, il y a un twist sympa, mais je ne comprends pas l’utilité de cette histoire. J’ai l’impression que c’est un élément anormalement long alors qu’on aurait pu s’en passer. Pour faire court (spoiler) : si Willis voulait juste détourner l’attention du type un bref instant, juste pour lui briser le cou, pourquoi avoir raconté tout ça en plus de lui désigner une SDF à côté pour qu’il regarde ailleurs momentanément ? Ce second élément aurait suffi !
Oui, le récit trouve son utilité par la suite, mais uniquement parce qu’il nous apprend des choses qu’on devait savoir ; il n’y a en revanche aucune raison pour que Willis raconte ça à cet inconnu juste avant de le tuer. Je crois que le scénariste s’est dit "il faut qu’on raconte cette backstory à un moment dans le film, on a qu’à placer ça là, au début, tant pis si ça n’a pas tellement de sens".
On passe totalement à autre chose après ça, en suivant Slevin, héros ultra malchanceux qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment : il est dans l’appart de quelqu’un d’autre, et des hommes de main viennent l’embarquer à la place du propriétaire. Une scène typique traitée ici de façon burlesque, mais qui s’avère laborieuse, ça rame, c’est pas drôle, et ça devient carrément énervant.
Bien qu’il soit pris pour un autre, Slevin ne défend son cas qu’à moitié, et laisse tomber assez vite ; autre chose qui me fait détester un personnage.
Slevin persiste en plus de ça à faire le malin, alors même qu’il a clairement affaire à des gens très dangereux. On apprend plus tard qu’il est "ataraxique" (il ne parvient pas à être préoccupé), mais bon, il aurait dû se faire buter une bonne dizaine de fois dans ce film.
Les dialogues se veulent malins, en jouant sur les mots pendant des plombes, mais ça ne m’a pas amusé, ça m’a agacé.
Le scénariste essaye désespérément de rendre son film cool et futé, mais échoue. Par exemple, quand le type du début dit "what a story", Willis lui sort la fameuse anecdote sur Chaplin et son concours de sosies, out of nowhere, et conclut "that’s a story". Ca fait tellement gratuit et factice… Mais il y a pire : quand Slevin sort "je vais dire ce que ce qu’un homme avec deux pénis dit à son tailleur quand il lui demande s’il veut la couture à gauche ou à droite : oui". Putain de merde, mais qui parle comme ça ? Surtout quand il est question de décider si on va accepter ou non de buter un homme, à la demande d’un mafieux ?
Et il se trouve également que tous les personnages sont des cinéphiles, qui aiment citer pleins de films spontanément, et connaissent les noms des acteurs avec précision.
Par ailleurs les personnages se montrent souvent très agités, le pire étant cette première rencontre entre Slevin et sa voisine, ils ne cessent de se déplacer, ils parlent très vite, et ont une répartie si rapide et passent d’une pensée ou une idée à une autre si subitement que ça en est totalement irréaliste et nous fait perdre le fil… surtout que le film s’amuse à balancer des personnages sans qu’on sache qui ils sont et quels sont leurs rapports.
Ce film essaye tellement d’être original, par n’importe quel moyen, qu’il prend très vite la tête, avec des procédés pareils.
Ca m’a fait chier, mais les mystères m’ont retenu d’arrêter la lecture du film. J’étais aussi intrigué de voir comment le héros allait se sortir de son pétrin.
Il y a une blague qui m’a fait rire, une : quand Slevin dit qu’il ne va pas pouvoir se rendre chez la personne qu’il doit tuer juste en rentrant par la porte d’entrée, et qu’on lui répond d’utiliser la "backdoor" (en sachant que la cible est homo…)
Mais le film a continué à m’agacer. Slevin risque de mourir, et sa voisine, bien qu’elle soit au courant de tout, l’invite à diner.
La volonté de faire un film décalé est claire, mais j’ai trouvé ça juste complètement con.
Le twist final, captivant, relève un peu le niveau. Il fait le lien entre pleins d’éléments disséminés dans le film, mais traîne un peu en longueur.
Slevin est un film inégal, avec des éléments intéressants, mais pleins d’autres terriblement agaçants. Je suis assez surpris de ne pas avoir vu les 1h50 s’écouler, alors qu’au début je pensais que je ne tiendrais pas 1h.