La Slovénie. Ses lacs, ses montagnes, ses prostituées...
Nina Ivanisin porte ce petit film venu de l'est sur les épaules. Elle y est froide, comme l'univers du film qui nous absorbe durant plus d'une heure.
Aleksandra est jeune et rêve d'une vie qu'elle ne peut obtenir. Ce qu'elle voudrait, c'est être libre et c'est ce monde qu'elle voit dehors qu'elle veut côtoyer. Pour se faire, la jeune femme va se prostituer pour se payer un appartement. Entre voyages pour sa famille et péripéties sordides par moment, elle va tenter de survivre dans un univers glacial et destructeur et suivre un chemin dont elle ne contrôle plus la destinée.
Le film met un peu de temps à démarrer mais c'est une agréable surprise. Il y a un jeu fort, une puissance qui se dégage de l'héroïne qui ne nécessite pas forcément de paroles. Elle est belle, rude, forte, ses sourires sont rares et d'autant plus importants. Elle est heureuse avec son père, notamment, ou quand elle est attendrie. La relation qu'elle entretient avec ce dernier est émouvante. Il n'hésite pas à subvenir à ses besoins, à être doux avec elle, on sent l'homme un peu trop naïf et écrasé par le poids de son passé. Leur relation est un bonheur à suivre.
La prostitution est une sorte de prétexte pour pousser Aleksandra à se poser les bonnes questions sur ce qu'elle veut réellement et quelles sont ses limites. En étant humiliée pour finalement se retrouver seule, elle se questionne sur l'intérêt de ses actes et le sens fondamental de ce qu'elle entreprend : comment est-ce que je veux vivre ma vie ?
Une force à moitié explicable se dégage donc du film qui, sans être un chef d'oeuvre, vaut la peine d'être regardé. L'atmosphère pesante, cupide et ingrate autour d'elle est bien représentée et quelques plans authentiques et vibrants suffisent à donner du crédit à cette histoire qui dérange, servie par une bonne actrice droite dans ses bottes.