Dying for Rose.
Qui dit western dit souvent cinémascope flamboyant, magnifiant les grands espaces sauvages de l'ouest américain et mise en scène lyrique et majestueuse. Bon, je caricature à mort mais c'est l'idée...
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le 22 nov. 2015
22 j'aime
C'est beau comme une pub de tampons Tampax. C'est rouge comme la coque en cire des Babybels. C'est bleu comme le ciel dans les pubs pour les bagnoles Citroën. C'est jaune comme le blé des céréales Kellogs. C'est clinique comme la caution médicale d'un dentiste qui fait de la pub pour un fil dentaire ou une lotion buccale.
C'est mental. C'est réfléchi. Trop réfléchi certainement. Tout y a l'air d'être l'oeuvre d'un cérébral qui a monté son film dans un labo clinique en prenant des gants en latex. Ca parie sur "l'intériorité", là ou les baloches devraient traîner par terre. Ca manque de naturel, alors qu'on progresse en pleine nature. Ca manque de sentiments, alors que le prétexte scénariste de ce road movie est un profond élan amoureux (Jay qui court après Rose). Ca manque de douleur alors que la mort rode partout. C'est froid comme un iceberg en plein désert, plus ça avance et plus ça fond...
La colorimétrie saturée à la Kodak (pellicule photo datant de l'ère pré-numérique) a été retravaillé à chaque plan. C'est l'oeuvre d'un obsessionnel et comment lui en vouloir ? La composition, les cadrages, la lumière, la photo, le choix des angles, le placement des personnages, la direction artistique : tout contribue à affirmer que c'est l'oeuvre d'une amoureux de la photographie et du cinéma...
Mais tant d'amour, c'est étouffant. "Aime avec un peu moins de fascination, moins de manière...a-t-on envie de dire. Laisse parler tes tripes. Laisse ta caméra se tromper un peu !" Les acteurs sont tenus en laisse, mais ils sont plutôt bien dirigés. Les flashbacks (très/trop nombreux) sont malgré tout intégrés avec élégance. Mais sont-ils nécessaires ? Aucune des images sur le passé écossais de Jay et de Rose n'a réussi à m'arracher mon empathie alors que le compassionnel du ton m'intimait de le faire.
D'où le scénariste a-t-il pêcher l'idée que cette succession de retours en arrière allaient attacher le spectateur au mélo qu'il réservait à son petit dandy british ? Dommageable au possible, donnant trop d'indices sur la fin qui se tisse sous nos yeux, l'émotion éclate comme une bulle de savon avant même de le laisser naître.
Ce film est beau. Ce film est "slow" et une fois adopté, le rythme est agréable. Mais ce film est "trop". Trop tout : intello, pensé, construit, dominé, lissé, aseptisé, raconté. C'est dommage de ne pas avoir osé salir un peu tout ça.
Le film est à l'image de la maison où vivent Rose et son père (dont le statut de hors-la-loi mis à prix pour 2000 dollars ne sera pas élucidé - au spectateur de faire ses propres spéculations). Comme cette maison le film est un peu une "maison témoin" qui aguiche le gogo. Mais à l'intérieur, on sent le vide, l'impersonnel, le tout neuf bâti sans âme, la démonstration creuse d'un savoir-faire en série...
Au final l'intrigue aurait gagné à se concentrer sur la relation entre Jay et Silas pour donner à Rose le rang d'un personnage nimbé de mystère. Et en proposant des antagonistes mieux taillés pour plomber de leurs ombres un fil narratif plus tendu, l'histoire aurait pris une toute autre dimension. Au moins l'aurait-on sauvé de ce qu'il est en l'état : une démonstration esthétique sur fond de romance à l'eau de "Rose" digne de la collection Harlequin... ou presque !
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Créée
le 13 mai 2016
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