The Slumber Party Massacre II (Deborah Brocke, U.S.A, 1987)

Cinq années après « The Slumber Party Massacre », production sympathique bien plus finaude que ne le laissait présager son titre et son l’affiche, Roger Corman, en producteur avisé, lance la réalisation d’une suite. Écrit et réalisé par Deborah Brocke, le film reprend plus ou moins là où s’est arrêté le premier, avec les aventures de Courtney, la jeune sœur de Valerie, héroïne du premier volet.


Si la magie opérait dans le métrage d’Amy Holden Jones, pour ce second volet c’est un échec sur toute la ligne. Sur un ton volontairement parodique, le récit ne parvient jamais à décoller. La faute est due en grande partie à une direction d’acteur inexistante. Clairement, le casting ne joue pas, créant un décalage énorme entre les protagonistes, le sérial killer, et la réalisation.


Coutney souffre d’une forme de PTSD, dû aux évènements du premier film. Dans ses rêves, elle voit un rocker, tout de cuir vêtu, avec une guitare électrique dont le bout est une perceuse. Elle a des visions qui la font flipper, mais tout ça, c’est du rêve. Ses hallucinations morbides, auxquelles personne ne croit, font qu’elle se fait bouler sans arrêt par ses amies, alors que la pauvre est clairement traumatisée.


Guitariste dans un groupe de rock féminin, dont aucune des membres ne maîtrise le playback, et encore moins l’illusion de jouer de leurs instruments respectifs, Courtney apparaît comme une bad ass, sauf que la séquence traduit tout l’inverse. C’est à partir de ce moment précis que le film commence à sentir le moisi. C’est cheap, pas dans le sens fun du terme, mais dans le sens « ça pue de la gueule » du terme. Avec une nature bien plus exploitative, le film de Debora Brocke sombre sans arrêt dans la gaudriole non maîtrisée. Cette dernière brise toute tension dans un récit qui ne va nulle part. tout se met à couler à partir du moment où le tueur entre en scène.


Depuis le début du récit, Courtney est victime des visions où ce type rockab’ chelou (interprété par un acteur naze qui en fait des caisses, rendant sa prestation encore plus naze…) s’adonne à des hobbies sanglants. Puis à un moment, alors qu’elle est au lit avec son keum, le rockabilleur apparaît avec sa perceuse et dégomme le petit ami dans un bain de sang. Courtney hurle, mais sait pertinemment que c’est une hallucination, comme depuis le début du film. Sauf que cette fois ça n’en est pas une…


Avec un « WTF? » qui t’emmerde, te pique ton gouter, te fait un doigt et se barre avec ton vélo, le film procède à une pirouette scénaristique digne d’une brosse à chiotte gymnaste de premier prix. D’un coup, sans aucune raison ni aucune logique, le tueur devient réel. D’un coup, il apparaît dans la chambre, oklm. Une démarche complètement douteux, dont facilité confondante se fait au mépris des spectateurs/riches. Arrivant comme ça, tel un poil de cil dans une tourelle.


Puis le jeu de massacre se met en marche, alors que le tueur poursuit son cabotinage de l’extrême, en tuant une par une les filles de la soirée. Mais ce n’est pas terminé, parce que, bien que ça semble impossible, le film part encore plus en couille. Activation du mode « ’YOLO » : plus rien ne fait sens, ce qu’il se passe à l’écran est invraisemblable. Initialement une projection mentale de Courtney, il aurait pu être logique qu’en fait ce soit elle qui trucide tout le monde. Mais non, même pas, car à un moment le type qui hante ses cauchemars devient réel, comme ça. Ferme ta gueule et accepte ce qu’on te vend, c’est du cinéma.


Sauf que nan, ce n’est pas possible de mépriser autant son audience, comme la plus conne des buses. Tout aspect humoristique ou parodique voulu à part, rien ne justifie un tel manque d’intégrité artistique. Ça apparaît juste comme une grosse flemme des personnes derrière cette production, incapable de proposer ne serait-ce qu’un arc narratif pour expliquer l’apparition du tueur, qui de songe passe à physiquement concret.


Alors que l’on est achevé, blasé, fatigué, le film se met complètement en PLS (afin d’éviter de se vomir dans la bouche et connaître un destin funeste à la John Bonham), et durant 5 putains de longues minutes le tueur se lance dans un lip dub endiablé… Playback et danse de merde sur une chanson, il sombre en roue libre totale, bougeant son booty avec un sens du rythme ringard. Cette séquence gênante achève tout intérêt potentiel qu’aurait pu proposer le film sur la fin.


À regarder, c’est promptement incroyable, et il devient difficile de se remémorer que c’est un Slasher que l’on regarde. Aucun mot ne sera assez fort pour définir ce passage ridicule. Une chose positive tout de même, après vérification, le comédien qui interprète le tueur n’est pas parvenu à tirer une carrière de ce rôle. Quelque part, le karma rééquilibre la force et la justesse.


Mauvaise suite, mauvais Slasher, mauvais film, « The Slumber Party massacre II » échoue lamentablement sur tous les tableaux. Rappelant au passage qu’il ne suffit pas d’enchainer les poncifs pour créer une œuvre qui tienne la route. Un minimum de savoir-faire, et une envie créatrice demeurent nécessaires pour emballer un œuvre aussi mineur qu’elle soit. Afin de remplir les étagères des Vidéos Club de l’époque, à destination des aficionados du Slasher.


Ce n’est pas tout d’essayer de s’afficher en décalage en mode “Hé regardez le tueur qui danse pendant 5 minutes, c’est drôle nan ? Lol. » Nan, ce n’est pas drôle. À la rigueur s’il y avait un ton parodique pourquoi pas, mais tous les signaux se montre ici contradictoires. Au final on se retrouve avec un navet sur les bras, difficile à regarder et impossible à défendre.


Symbole de l’exploitation à outrance d’un genre qui a tout donné, ‘The Slumber Party Massacre II’ c’est une purge, mais une vraie purge, le genre de purge qui fait pitié. Témoin d’une cynique avidité de producteurs voulant à tout prix surfer sur des modes, au point d’en mépriser un public cible qui n’en demande pas tant. Une purge, c’est mon dernier mot Jean-Pierre.


-Stork._

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le 28 févr. 2020

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