La vie et le travail de Ron Gallela, paparazzi du siècle dernier reconnu et détesté, sangsue qui doit sa célébrité à celle des gens dont il tire le portrait. Des photographies dont certaines comptent paradoxalement parmi les plus belles qui aient été prises des personnalités traquées. Principale cible de cet acharnement, Jackie Kennedy Onassis, dont un cliché pris par Gallela sert d'affiche au documentaire.
Smash his camera, c'est d'ailleurs ce que la première dame ordonna un jour à des agents de sécurité, excédée par la présence du photographe en quête de scoop. L'ayant attaqué en justice, elle obtint que Gallela ne l'approche pas à moins de 150 mètres ! Un salaud ? Pas forcément, mais un authentique acharné qui a oublié d'avoir des scrupules.
Né dans le Bronx à l'aube de la Grande Dépression, Gallela apprit le métier de photographe grâce à l'armée, faute de pouvoir se payer des études d'art. Avouant être depuis toujours fasciné par les stars, le paparazzi ne pouvait pas s'en tenir à l'image qu'elles voulaient bien renvoyer. Sa méthode, forcément inquisitrice, lui a même valu de se faire exploser la mâchoire par Marlon Brando himself.
« Quand quelqu’un me dit : pas de photos !, je me force à ne plus en faire. Mais j’essaie d’en prendre le plus possible avant que cette phrase fatidique ne soit prononcée. C’est un jeu. ». Rythmé, parfois très drôle, faisant la part belle à la personnalité de Gallela comme à des témoignages extérieurs, Smash his camera pose un regard à la fois critique et fasciné sur ce pilier fondateur des tabloïds.
Sa collection a aujourd'hui le privilège d'avoir été exposée, alors que l'héritage idéologique qu'il a laissé accorde peu de place à l'expression artistique. Une particularité que Smash his camera semble avoir bien compris, l'existence de ce très chouette documentaire confirmant que le travail Gallela se distingue de la masse d'images people désormais accessible à tous : nous étions bien avant l'arrivée d'internet.