Quelle belle petite surprise ce film Sundance ! De toute manière, on ne va pas se mentir, à chaque fois ces films "indépendants" font écho en moi ! C'est frais, ça respire l'humilité et l'envie de faire un cinéma proche des gens et esthétique à la fois. Et ça, ça fait mon bonheur.
Kate, interprétée par Mary Elizabeth Winstead, est maîtresse d'école. A la suite d'un renvoi inopiné, bref elle dégueule en pleine classe si vous préférez, la belle, voyant l'incrédulité des élèves, leur ment et fait croire qu'elle est enceinte. Le mensonge va s'étendre jusqu'à la directrice ; elle n'osera jamais avouer à ses collègues de travail qu'en réalité... elle est alcoolique. Elle va s'entourer d'un autre professeur, pour changer la donne et tenter de reprendre sa vie en main. Mais avec un chéri, interprété par Aaron Paul, tout aussi accro à l'alcool, la rédemption sera plus difficile que prévue...
On commence avec de la musique, de la guitare, du soleil plein les mires et une petite bouille d'ange que j'aime particulièrement. On ne s'y trompe pas, car si Aaron Paul est étonnant dans ce rôle d'amoureux lourdingue, véritable frein pour l'émancipation de sa donzelle, Mary Elizabeth Winstead est carrément bluffante. Très attachante, émouvante et surtout pathétique. Et ça, c'est un véritable travail de fond quand on joue le rôle d'un personnage alcoolique. Elle sait créer le malaise et comprend les enjeux de son personnage et la bataille intérieure pour créer l'antagonisme très poignant de la personne responsable et de celle qui ne l'est pas. Elle est aussi drôle, elle captive, son personnage qui se déconstruit puis se reconstruit lui permet d'enchaîner des sentiments contraires et sa palette d'actrice fait le grand huit. On apprend à l'aimer, contrairement à Greta Gerwig dans Frances Ha qui, pour ma part, ne m'a jamais emballé, alors qu'elle est aussi paumée qu'elle et qu'on y retrouve pas mal de similitudes.
Le film de James Ponsoldt ne tombe jamais dans le misérabilisme et c'est ce que j'ai beaucoup apprécié. C'est aussi pour cette raison que je vous le conseille prestement. D'un sujet dur il crée une comédie sociale intimiste qui surfe sur l'espoir, le pardon, la rémission aussi. L'alcoolisme est traité de telle sorte qu'il en devient une étape à surmonter, un cap à franchir pour se libérer d'un problème qui nous paraît insurmontable et avancer droit dans ses bottes. Grâce à la thérapie de l'héroïne, on se sent soulagé avec elle. Cette liberté qui lui tend les bras, nous la voulons aussi.
Smashed n'est pas un film sur l'alcoolisme. C'est une marche bienveillante et amusante sur le sacrifice et le dépassement de soi. Une sorte de "Candy" avec beaucoup plus de légèreté et, certes, moins de grandeur.