Psychiatre douée et dévouée à ses patients, Rose a la mauvaise idée de croiser la route d'une étudiante persuadée d'être poursuivie par des apparitions "souriantes" maléfiques. Lorsque celle-ci met fin à ses jours sous ses yeux avec ce même sourire collé au visage, Rose réalise qu'elle devient la prochaine cible à s'ajouter à la longue liste d'une série de morts violentes et inexpliquées...
On y a cru pendant un petit moment à ce "Smile" avec son ambiance se voulant différente du tout-venant de l'épouvante mainstream ! Se conjuguant à la lente descente aux enfers psychologiques de Rose devant l'impensable, le film de Parker Finn choisit en effet de prendre son temps, de construire son héroïne soudainement fragilisée (bien aidé par une excellente Sosie Bacon, digne fille de Kevin Bacon et de Kyra Sedgwick) et, surtout, de laisser diffuser son atmosphère pesante dans l'esprit d'un spectateur prêt a sursauter volontiers devant des jumpscares (quelques fois) bien sentis. Certes, rien de bien neuf à signaler du côté de l'appareil dentaire chargé de mettre en ordre ce "Smile": de longs travellings partant des yeux de Rose vers l'inconnu face à elle, plein de plans mettant les décors à l'envers pour bien nous signaler que rien ne tourne plus rond, d'inattendues liaisons scéniques ou une surprenante bande-son (à la limite de l'expérimental) cherchant à ne pas faire retomber le stress... Finn Parker démontre néanmoins un vrai savoir-faire dans l'utilisation de tous ces outils et emmène même son premier long-métrage vers quelque chose de réellement intrigant -du moins le croit-on- grâce à sa menace "amusée" qui paraît pouvoir s'en prendre à Rose à tout moment, avec de belles idées à la clé pour la torturer au sein de son quotidien (la séquence de l'anniversaire pour ne citer qu'elle).
Mais l'illusion provoquée par ce joli "Smile" ne dure hélas qu'un temps. Toutes les caries les plus éculées d'un énième déroulement en forme d'enquête surnaturelle (remonter aux origines du mal grâce à Google ou des témoins pour espérer le contrecarrer) reprennent leurs droits sur un récit qui se met dangereusement à s'étirer comme une séance chez le dentiste qui n'a que trop duré.
N'ayant en réalité pas grand chose à offrir de follement original en termes de mode opératoire ou de mythologie, la menace se défait peu à peu de son mystère pour épouser les contours très banals d'une simple conjuration du traumatisme latent de son héroïne (tout y répond trop facilement sur bien des points) et ne fait finalement que gagner du temps dans un lot de séquences où les qualités louées auparavant n'entraînent plus qu'un sentiment de lassitude avant l'inévitable confrontation.
Si tout ne sera pas à jeter durant ce face-à-face entre Rose et l'entité aux sourires diaboliques (notamment quelques belles trouvailles en termes de représentations visuelles d'éléments jusqu'alors suggérés), on sera soulagé d'arriver enfin au terme de ce "Smile" beaucoup trop long pour son propre bien, l'épilogue grossier confirmant par ailleurs l'extinction de tout espoir d'une once d'inédit durant ces ultimes instants (sans compter qu'il rend tout le chemin parcouru... assez vain, disons).
Tout de même supérieure à d'autres films mettant en scène des démons collant des sourires jusqu'aux oreilles sur leurs victimes (le triste souvenir laissé par "Action ou Vérité" ne sera pas battu), l'attraction de la blancheur de ce "Smile" n'aura donc été que de façade, révélant sur la durée les dents jaunies d'un récit d'épouvante malheureux trop lambda pour s'imposer.