Un petit tour de chauffe avant la fête d'Halloween




  • Je sais que vous êtes anxieuse. Je veux juste qu'on discute.

  • Je vois une chose que je suis la seule à voir. Une chose qui me sourit.




SOURIRE



Le cinéaste Parker Finn réalise avec "Smile" un film d'horreur tiré de son propre court-métrage "Laura Hasn't Slept", pour lequel il a obtenu le prix honorifique spécial du jury lors du festival de South by Southwest. Une œuvre où il est question d'une entité maléfique qui se sert d'un évènement traumatisant pour compromettre une personne. Un sentiment d'insécurité où la victime ressent fréquemment une peur intense accompagnée d’un sentiment d'impuissance que va exploiter le démon pour transmettre tel un virus sa malédiction. Une histoire dans la forme qui n'est pas si mauvaise où on explore les conséquences dévastatrices dues aux traumatismes psychiques qui peuvent se produire tôt dans la vie avec de la maltraitance ou de la négligence infantile. Un fait regrettable dont fut victime la psychologue Rose Cotter (Sosie Bacon) qui va avoir la malchance de croiser le sourire démoniaque du démon après un événement traumatisant avec un nouveau patient. Le problème, c'est que dès qu'on gratte un peu la forme on constate que le fond a du mal à tenir la route. Un récit usant d'un grand nombre de facilité scénaristique qu'on a vu des centaines de fois, si bien qu'on arrive à prédire ce qui va se passer. L'enquête entourant le pourquoi du comment de la malédiction afin de pouvoir trouver un moyen de s'en débarrasser n'est pas inintéressante, mais très vite on retombe dans les grandes lignes typiques du genre. Une problématique que l'on retrouve également lors du chapitre final avec un apport dramatique spirituel auquel on a envie de dire « oui » pour le message positif qu'il essaie de transmettre autour des personnes victimes d'un trauma, qui pour se relever doivent commencer par se pardonner elles-mêmes. Seulement, on retombe aussitôt dans les travers avec une ultime confrontation tellement téléphonée qu'on en devine non seulement la résultante finale, mais aussi la fausse fin positive à laquelle le cinéaste tente de nous jouer un mauvais tour. « Héhéhé !!! Vous avez cru qu'elle avait gagné hein ? Que c'était terminé ? Et bien non, on était encore dans le duel final. » Désolé mon gars, mais c'était prévisible comme un éléphant en plein milieu de ma cuisine. C'est dommage car le potentiel est là.


En matière d'horreur, Smile me laisse sur un avis mitigé. Le cinéaste tente plusieurs types d'approches techniques afin d'assurer à son spectacle une horreur accrocheuse qui ne fonctionne qu'à moitié. Plus frissonnant qu'effrayant. On sursaute davantage à cause des musiques de Cristobal Tapia de Veer, qui jouent un rythme dissonant perturbant que de l'horreur elle-même. Je ne parlerai pas de jumpscares faciles, car il y a une véritable tentative de mise en scène avec des gros plans ingénieux sur des transitions qui peuvent être quelquefois créatives. On retiendra donc une bonne composition musicale appuyée d'une conception sonore sympathique sur des plans ingénieux qui parviennent à rendre une tension parfois irrespirable, qui après la scène de saut retombe malheureusement aussitôt dans une formule classique. Le problème, c'est qu'au bout de la énième fois, on se familiarise avec l'approche horrifique et tout s'affaiblit. Avec le sujet exploré et les quelques tentatives techniques présentées, nul doute qu'avec un peu plus d'idées le film aurait pu être meilleur. On profitera tout de même de quelques scènes sympathiques comme lorsque notre héroïne se retrouve à charcuter un de ses patients devant le regard traumatisé de son chef de service. Le démon quant à lui est plutôt bien fait, les sourires qu'il affiche à ses victimes peuvent s'avérer autant inquiétants que drôles (un effet certainement pas recherché). Côté distribution, Smile nous épargne le teen movie inconséquent articulé autour de sous-intrigues amoureuses dont on se fout royalement en laissant la conduite de l'histoire à des adultes. Un élément qui a son importance, faisant de ce film une proposition bien supérieure à "Action ou Vérité" de Jeff Wadlow, qui use également de la formule "sourire démoniaque". Sosie Bacon sans être extraordinaire tient bien son rôle principal. Le reste de la distribution est oubliable, peut-être Kyle Gallner pour le rôle de Joel, mais on a vu mieux.



CONCLUSION :



Smile réalisé par Parker Finn est un petit film d'horreur sans prétention à voir comme ça un soir où il n'y a rien à voir. Une œuvre dont on appréciera quelques tentatives dramatiques et techniques qui font, qu'il me semble sévère de le mettre sur un pied d'égalité avec le médiocre Action ou Vérité. Tout comme il semble généreux de beaucoup trop l'encenser. En ressort un film moyen mais divertissant avec de nombreuses scènes que l'on a déjà pu voir dans d'autres films d'horreur.


Histoire de se chauffer un peu avant la fête d'Halloween.



J'ai besoin de trouver une explication.


Créée

le 2 oct. 2022

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