En Estonie (et dans d’autres pays du Nord), le sauna est une tradition. Là-bas, les femmes s’y retrouvent comme dans un cocon, un havre de paix. Perdu au beau milieu de la forêt, au bord d’un lac, été comme hiver, le sauna (une cabane) les attend, prêt à réchauffer les corps et les libérer de leurs toxines.
Le “smoke sauna” (sauna à fumée) est un sauna traditionnel estonien et finlandais où les femmes de tout âge s’y retrouvent dans le plus simple appareil et refont le monde à leur manière. Aussi bien pour se détendre que pour parler de choses privées qu’elles tairaient dans la vie de tous les jours.
Pendant 90 minutes, la réalisatrice Anna Hints met en scène un huis-clos à l’intérieur du sauna où les corps ne semblent faire plus qu’un. Les langues se délient et elles abordent tout un tas de sujets, parfois plus personnels que d’autres. Pêle-mêle, il y est question des conditions de la femme dans notre société, de maladies (comme le cancer), de sexualité, d’homosexualité, d’avortement ou encore de mortinaissance (accoucher d’un enfant mort-né). Des hommes, vous n’en verrez nulle part, par contre, on entend souvent parler d’eux, en bien comme en mal (le regard des hommes, les dick-pic ou le viol dont a été victime l’une d’elles).
Smoke Sauna Sisterhood (2023) met en lumière une sororité bienveillante et attentive, tel un gynécée, les femmes se sentent libres de pouvoir s’exprimer tout en se faisant du bien. Des moments de partages et d’écoutes dans un oasis de calme et de volupté. Après la sudation, elles se fouettent (avec un fouet en bouleau ou en eucalyptus) le corps mutuellement pour soulager les douleurs musculaires, se nettoyer la peau ou stimuler la circulation sanguine, avant de plonger dans l’eau glaciale du lac.
Un rite ancestral (classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO) où les femmes se mettent à nu (physiquement et mentalement), dans un moment de communion cathartique.
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