Dans une petite ville de Californie durant les vacances d'été, une jeune fille de 15 ans trompe son ennui en se baladant avec sa soeur et une amie dans les centres commerciaux, mais elle a envie d'aimer. C'est alors qu'elle rencontre au sortir d'un restaurant un homme plus âgé, qui la fixe du regard en lui disant seulement "Je te surveille". Elle se sent comme attirée par ce garçon mystérieux, sans qu'elle ne s'attende aux conséquences de leur rencontre.
Smooth Talk est ce qu'on appelle une pépite sortie du néant. Primé à Sundance en 1985, inédit en France, passé sous le radar de ses différentes sorties vidéo, il a eu un traitement de choix lors de sa sortie chez Criterion, et comme souvent, la critique et le public ont comme découvert un film de premier plan. C'est tiré d'une nouvelle de Joyce Carol Oates, et cela parle surtout des atermoiements affectifs et sentimentaux d'une fille de 15 ans, qui va en quelque sorte se découvrir via cette rencontre. Un an avant Blue Velvet qui l'aura fait connaitre au plus grand nombre,Laura Dern, alors âgée de 17 ans, crève l'écran dans ce rôle à la fois fragile de par son physique mais qui a aussi son caractère, n'hésitant pas à en remontrer aux garçons qui veulent la draguer, et gare s'ils franchissent la ligne jaune. Quant à Treat Williams, dont le personnage est clairement adepte de James Dean, il est à la fois séduisant et inquiétant, notamment dans sa manière de regarder cette fille de manière fixe, comme s'il avait une proie à sa portée. Le tout très bien filmé par Joyce Chopra, dans une chaleur qu'on sent pesante, aux couleurs vives en opposition à la noirceur de l'histoire.
D'ailleurs, il existera pour toujours une ambiguïté sur le fin mot du film, que je ne veux pas dévoiler, mais on peut le voir comme quelque chose de cru, de dur, ou d'une étape dans la vie du personnage de Laura Dern, surtout quand on voit sa réaction finale. Ceci dit, malgré quelques petites longueurs, Smooth talk est une excellente surprise, à la fois tendre mais dure, et on peut se demander pourquoi Joyce Chopra n'a réalisé que deux films avant de se tourner vers la télévision.