Propulsé sur le devant de la scène suite au très bon accueil de son Lock, Stock and Two Smoking Barrels, l'ancien sextoy de Madonna, Guy Ritchie, se voit offrir l'occasion de porter à l'écran un script imaginé sur le tournage de son premier long, nanti d'une enveloppe plus confortable de dix millions de dollars. Ce qui parait cependant modeste au regard du succès d'un film ayant dépassé les 80 millions de dollars de recettes mondiales.


Coproduit par le Royaume-Uni et les USA, Snatch permet au cinéaste de retrouver une bonne partie du casting de son précédent essai (Jason Statham; Vinnie Jones; Jason Flemyng...), tout en s'offrant les services de noms plus bankables comme Brad Pitt (qui aura singulièrement baissé ses tarifs pour incarner brillamment un boxeur gitan à l'élocution particulièrement inaudible) ou de comédiens chevronnés comme Dennis Farina ou un Benicio Del Toro au potentiel comique insoupçonné et qui n'allait pas tarder à remporter toutes les louanges grâce au mémorable Traffic.


Sans surprise, Snatch est une sorte de version amplifiée de Lock, Stock and Two Smoking Barrels, de ses expérimentations visuelles comme narratives. On retrouve le même schéma, les mêmes figures stupides, la même bande son entraînante, le même récit emberlificoté à l'extrême, pour le grand plaisir des fans qui s'éclateront comme des fous ou, au contraire, pour le plus grand malheur des autres, qui trouveront le bonhomme sacrément fainéant sur ce coup.


A vous de choisir votre camp mais personnellement, je ne peux m'empêcher de penser que Guy Ritchie tient ici sa plus grande forme, montrant clairement ses limites mais atteignant également le pic de sa carrière. Bien que surchargé, le script tien la route, enquille les répliques cultes sans que cela ne paraisse aussi conscient qu'un Rocknrolla certes sympa mais trop policé, les acteurs s'en donnent à coeur joie dans la peau d'abrutis profonds et la mise en scène, bien qu'appuyée, parvient à créer une poignée d'images marquantes.


Cinéaste aussi énergique que limité, peinant à s'extraire d'une formule qui a fait sa gloire, Guy Ritchie touche ici au but, transforme l'essai (du moins pour ma part) pour offrir un concentré de connerie absolument jouissive... ou éreintante et puérile selon l'humeur de chacun. Dans tous les cas, c'est largement mieux que ce qui suivra par la suite.

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le 20 sept. 2016

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Gand-Alf

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