Que reste-t-il de "Snatch" en 2012 alors que l'étoile de Guy Ritchie s'est définitivement éteinte au fil d'une filmographie qui a oscillé entre la catastrophe industrielle et la simple absence de talent ? Le merveilleux Jason Statham est devenu le roi du film de "bourrins"; Brad Pitt est resté au top mais nous a rarement fait rire depuis comme avec ce rôle de gitan incompréhensible ; Del Toro, inénarrable en juif atteint par le virus du jeu, a grillé toutes ses cartouches, etc. etc. Le "style Snatch" (une manière qu'a Ritchie de "scratcher" son récit, pour le rendre euh... moderne...) énerve toujours autant, mais les grandes idées de scénario et de narration sont toujours aussi pertinentes, voire puissantes (la mort, omniprésente, toujours hors champ, la représentation, maligne comme jamais, des jeux du destin qui entraîne vers le désastre une nuée de personnages impuissants). Le meilleur de "Snatch", qui rend le film souvent irrésistible, c'est la vitalité de la langue - anglaise, yiddish, "gitane" - dans la bouche d'acteurs qui semblent littéralement en état de lévitation, et qui enchaînent les répliques savoureuses avec un rythme de mitraillette. Humour anglais et situations absurdes, oui, Guy Ritchie a réalisé avec "Snatch" la plus réellement "british" des comédies, et, à l'inverse de Avi, ce que nous avons envie de déclarer en quittant les survivants de ce récit déjanté, c'est : "Vive l'Angleterre !"… [Critique écrite en 2012]