Le nouveau petit bijou de la perle rare du cinéma coréen, Bong Joon-Ho, tout fraichement embarqué aux Etats-Unis pour réaliser un excellent film qui deviendra peut-être une référence de Science-Fiction.
Passons sur la virtuosité de la réalisation, de la 3D de haute facture et du mélange des genres typique à la coréenne et plus particulièrement de Bong (Rappelons-nous The Host et Memory of Murder, ses premiers chefs d’œuvres), c’est toujours aussi bon et jouissif. En plus d’être généreux en projections d’hémoglobines.
Le pari de ne faire tenir la diégèse du film uniquement à l'intérieur d'un train parcourant inlassablement les terres glaciales était très risqué. Le confinement des scènes pouvant rapidement faire dériver la réalisation à celle d'un jeu vidéo, accumulant les scènes d’action de façon linéaire. Mais Bong Joon-Ho parvient à rendre le déroulement des situations et la diversité des « vagons-classe » d’une beauté et d’une limpidité à chaque fois renouvelée. De plus, il va au-delà, il parvient même à capter le monde extérieur, signe d'espoir et de raison de vivre pour notre cher Minsu (du grand acteur Song Kan-Ho), comme élément-clé de l'histoire.
Je m'explique. Dans de multiples scènes, alors que l’ensemble de la classe de « l’arrière du train » ,portée par un Chris Evans bouillonnant, s’en tête à gravir les échelons dans l’unique but de renverser le pouvoir et donc de conserver l’état du train, Minsu et sa fille ont le regard porté vers l’extérieur, comme animés par la volonté de changer de monde et de construire la société autrement, face à face avec la nature. D’où le fait qu’ils sont les seuls à constater que la neige est en train de fondre chaque année et que le futur se dessine derrière les vitres.
L’intrigue secondaire portée autour de la destinée de ces deux personnages permet donc d’apporter un troisième regard original à la lutte des classes. Ainsi, contrairement à bon nombre de films Hollywoodiens (ou autres) qui traitent spécialement celle-ci, le réalisateur coréen parvient à prendre à contre-pied le côté souvent manichéen des choses (gentils pauvres comme méchants riches), en illustrant également un point de vue intéressant de la « caste dominante » dans le film : la nécessité d’un ordre établi dans un espace hostile, afin de prévenir l’anarchie et le chaos et le mélange d’individus dont tout oppose en société. Un totalitarisme nécessaire. La dernière séquence avec l’apparition de Giliam (qui rappellera certainement Bioshock) l’illustre parfaitement bien.
Enfin, je dirais que l’œuvre tirée de BD a une portée universelle essentielle, car il définit de manière assez juste pour ma part le clivage des catégories sociales, en tous cas elle reflète plutôt bien la vision que j’en ai.