Je vais pas vous le cacher, j'aime bien InThePanda, c'est un gars sympa qui parle de films sur Youtube, qui en parle bien et avec passion, et en ce qui me concerne, ça me suffit. Et comme pour toute personne que j'apprécie, j'ai tendance à être à l'écoute quand on me recommande tel film.
Bon, après, vous pouvez me recommander un film, il me faudra bien un an pour que je le vois, mais bon. A force de nous dire que Snowpiercer est un tuerie au point d'être un de ses films préférés, a force de vanter la filmographie de Bong Joon Ho, InThePanda ma convaincu et j'ai fini par acheter Snowpiercer pas cher en me disant que, quand l'envie viendra, je le verrai.
Des mois après (oui oui), je vois enfin le fameux Snowpiercer, un film qui a finalement assez divisé, et je peux tout à fait le comprendre.
Snowpiercer n'est pas un film à prendre à la légère. Ou du moins, n'allez pas penser vous retrouver face à un film d'action un peu con avec un concept sympa. Les choix artistiques et scénaristiques de Snowpiercer le rendent d'une certaine façon unique en son genre, et pas forcément agréable à regarder pour quelqu'un qui s'attendait à quelque chose de juste sympa.
Je l'admet, Snowpiercer m'a plus d'une fois fait grincer des dents, m'a perdu à de nombreuses reprises et ne m'a pas entièrement envoûté comme j'aurai espéré que ça soit le cas, bien que je sois conscient de ses qualité et de l'incroyable audace dont il fait preuve.
On est jamais vraiment à l'aise dans ce film, et d'une certaine façon, c'est logique. Nous sommes dans un monde apocalyptique où la quasi-totalité de la population a été décimée par une ère glacière et où les derniers survivants passent le restant de leurs jours dans un train tournant indéfiniment en rond.
Évidemment, parce qu'on est dans un film dystopique et que l'homme est une putain de raclure, les classes sociales ne sont pas pour autant abolis et chaque wagon représente plus ou moins une classe sociale. Les wagons du fond sont pour les pauvres, à qui on donne de la merde à manger, et les gens du devant, sont à l'aise, baignent dans de magnifiques piscines et ont droit à une éducation (qui ressemble plus à du conditionnement quand on voit à quel point, le chef du train y est adulé et aimé).
C'est donc un film sur une révolte des pauvres au sein d'une humanité réduite et coincée dans un train. Un huit-clôt impitoyable où foutre un bras dehors est synonyme de souffrance et où chacun doit bien être à sa place si on veut garder l'humanité en vie.
Ce qu'il y a d'assez surprenant, c'est que dès le début de Snowpiercer, on nous offre une vision d'une monde dans ce train qui correspond finalement assez bien à notre monde actuel, à savoir, la sélection et l'équilibre. Dans le train, on s'assure du nombre de personnes vivantes, de ce que cela coûtera en nourriture, il ne faut absolument pas que la population se développe davantage car ce serait invivable au niveau des ressources. Il faut donc que tout soit à sa place, tout soit contrôlé et régulé si on ne veut pas que ce train/monde parte en couille. Et bien évidemment, ce n'est pas une révolution des pauvres du fond du train qui va arranger quelque chose.
Donc d'un point de vue message et vision dystopique, Snowpiercer se révèle assez surprenant dans sa façon de concevoir un univers et de faire le lien avec le notre. D'autant plus que la narration est foutrement bien maîtrisé avec pas mal d'éléments du début qui, sans qu'on s'en rende compte, ont une importance primordial, comme le kronos (la drogue verte, je me trompe peut-être de nom), la cicatrice sur le bras de Curtis, la mère d'Edgar, ou encore le rôle de leader au sein du train. Donc d'un point de vue scénario, même si le film se répète un peu à certains moments dans sa narration (puisqu'au final, on ne fait que remonter un train wagon par wagon), bah ça reste quand même bien écrit dans l'ensemble.
D'autant plus que visuellement, Snowpiercer est un film qui t'en envoie plein la gueule. Bah oui, puisque chaque wagon correspond à une classe sociale ou a une utilité dans le train, la mise en scène peut se permettre pas mal de choses qui rend le film visuellement diversifié. Après, de là à dire que la mise en scène est magnifique, je répondrai « pas toujours, et en même temps, c'est peut-être voulu ».
Le film débute dans le wagon du fond, chez les pauvres, un coin un peu crade, étroit et insalubre, bref, pas franchement sympa à voir. La mise en scène y est brusque, notamment dans les scènes de baston générale qui, franchement, sont illisibles et pas franchement dingues, je trouve. Quand j'ai vu les premières scènes d'action du film, j'ai vraiment cru que j'allais être déçu. Mais plus on avance dans le film (donc dans le train), plus la mise en scène s'affine, les combats sont plus esthétiques, lisibles, les décors plus grandioses et on se sent bien moins à l'étroit. En bref, Snowpiercer va crescendo dans sa mise en scène, démarre de façon assez moche pour se magnifier petit à petit jusqu'à une séquence finale de toute beauté qui est un pur plaisir à observer.
En gros, Snowpiercer c'est un film qui dans ses débuts, m'emmerde, nous fait croire qu'il n'a pas grand chose à offrir, mais qui, avec le temps se dévoile, surprend le spectateur. Un super bon film dystopique avec des visuels audacieux, ça me plaît à fond. En d'autres termes, on pourra dire que c'est une tuerie.