Le transperceneige c'est un film foutraque, un peu boîteux, un peu foireux de partout, mal foutu, un peu boursouflé (comme the host d'ailleurs), et surtout éminemment sympathique.

Difficile d'avoir de l'empathie pour les personnages assez inexistants. Les acteurs sont en roue libre et jouent de délirants numéros de solistes (Tilda Swinton en tête).
Ils s'amusent comme des fous, et ne prennent pas nécessairement leur rôle au sérieux (le méchant chauve en tenue de scientifique qui semble hilare à chacune de ses apparitions).

Mais c'est aussi l'un des soucis du film : un manque évident d'unité (probablement dû au tournage chaotique, et au budget ultra serré pour un film de ce genre, ce qui force le respect). Tout est un peu décousu, les personnages ne vivent pas vraiment l'aventure ensemble, mais sont plutôt déconnectés les uns des autres (le duo coréen ne semble jamais faire parti du même film que le groupe de Chris Evans, d'ailleurs je ne suis même pas sûr qu'ils partagent le moindre plan), les situations se succèdent sans grande cohérence narrative, ni harmonie stylistique (d'Hollywood à la Corée, à la France, ou autrement dit séquences clichées vues et revues dans 350 millions de films américains, sauvageries maniéristes ultra stylisées, et wagon-bar scnf).

Mais Il y a une ambiance bon enfant dans tout ça, rien n'est à prendre au sérieux, tout est extrêmement cartoonesque.
En témoigne cette scène proprement sidérante et frôlant le nanar absolu, mais en même temps géniale, où les héros du film arrivent dans le wagon "salle de classe" avec une prof et des élèves cinglés qui se lancent dans la comédie musicale en chantant une connerie du style "tchou tchou fait le train!".. Totalement aliénant.

Il y a un petit côté jeu-vidéo là-dedans.. On peut penser à Bioshock avec cette société totalitaire et ce démiurge inatteignable aux commandes (je pense notamment à la séquence où l'on voit une vidéo d'archive de propagande avec l'histoire du créateur du train), mais aussi pourquoi pas à goldeneye et son mythique niveau du train.. Il y autant de wagons, que de levels, et que d'ennemis/épreuves à affronter, jusqu'au boss final..

Et là, si on est fou, on pourrait même songer à Stalker (la philo en moins), Song kang-ho dans le rôle du passeur, capable d'ouvrir les portes et de se frayer un chemin jusqu'au wagon de tête.. L'ultime porte, serait-ce la chambre des voeux ? Et presque comme dans le film de Tarkov, ils discutent trois plombes avant de se décider à éventuellement l'ouvrir, et c'est (trop) long...

Entre un début de film laborieux (horrible big mamma qui recherche son fils encore plus insupportable qu'elle), une conclusion clichée (le vilain qui dévoile tous les tenants et aboutissants de l'histoire, Ed Harris est bien mieux mis en valeur dans le final de Truman Show), un héros anonyme (Chris Evans n'a qu'une seule façon de jouer la tristesse et ruine à peu près tous ses dialogues de plus de trois mots), une musique de Beltrami un peu décevante, on a un joli milieu, moment de bravoure jouissif et kiffant, et presque trop bref.

Et surtout comment à partir d'un décor à priori restreint et strictement horizontal (le train), on peut en repousser les limites, en faisant preuve de trésors d'inventivité, pour surprendre en permanence le spectateur. (Le modèle du genre étant pour moi "le roi et l'oiseau", où la structure verticale à priori limitée du chàteau et de ses bas-fonds, offre un panel vertigineux de lieux et de situations diverses et à priori inimaginables dans un tel cadre). Ici, Wagon-Aquarium géant, -boîte de nuit, -hôpital, et j'en passe, c'est souvent n'importe quoi, mais c'est aussi ce qui fait le charme du film qui n'a jamais peur du ridicule et du grotesque..

Enfin, La parabole sociale est certes lourde, mais a le mérite de ne jamais trop se prendre au sérieux.

Bon petit divertissement au bout du compte.

PS : A noter que Jamie Bell ressemble furieusement au perchiste Renaud Lavillenie.
KingRabbit
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le 1 nov. 2013

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KingRabbit

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