Pour avoir tentée d'inverser le processus du réchauffement climatique, l'humanité s'est plongée dans une ère glacière et ce qu'il en reste s'est réfugiée dans un train. Un train dont l'agencement des wagons hiérarchise ses habitants, les riches à l'avant, les misérables à l'arrière.
Un film sur la lutte de classes, donc, qui fonctionne sur le précepte suivant : il faut de tout pour faire un monde mais dans des proportions bien définies. Les riches auraient autant besoin des pauvres que les pauvres des riches du moment que les ratio riches/pauvres seraient respectés. Pour cela, rien de mieux qu'une purge de l'arrière sur fond de révolte de temps en temps. Un joyeux ménage instigué par deux hommes, les deux créateurs du train, un à l'avant (Wilford) et un à l'arrière (Gilliam), qui ont pensé ce train sur le principe des ratio.
La révolte qui couve doit purger 74% de la population. Mais celle-ci est différente puisqu'elle est destinée à aller jusqu'au bout, jusqu'à l'avant du train. Car cette fois, les choses ne sont plus les mêmes, Gilliam bluffe Wilford : il a dans sa manche Chris Evans. L'élu aux deux bras.
Le film repose donc sur deux principe : la boucle et le bluff.
D'abord la boucle. La Terre, ronde, n'est plus viable, et c'est le transperceneige qui fait office de monde. Mais s'il est parfaitement rectiligne, la société qui le peuple fonctionne sur un schéma circulaire dans lequel les riches dépendent des pauvres et vice-versa. Mais cette boucle ne tourne que dans le sens qui profite aux riches. Comme la Machine à l'avant du train qui assure leur survie. Tant que cette rotation reste permanente, tant au niveau de la Machine, que de la société (purge, enlèvement d'enfants), le train (le monde) et ses habitants (l'humanité) survivront.
Le bluff ensuite. Tout d'abord en queue du train, où les hommes d'armes font régner la terreur malgré leur chargeur vide (alors qu'il en existe, double bluff), puis au milieu du train avec la contre-attaque de Curtis et enfin en tête de train où Wilford révèle son association avec Gilliam à Curtis et lui propose sa succession.
Mais c'est à la fin du film que bluff et boucle se cristallise et ne font plus qu'un : des années avant ça, Gilliam sacrifia son bras pour sauver la vie d'un enfant et la morale de son futur champion, en vue de duper Wilford. Un champion qui à la fin sacrifiera à son tour son bras pour sauver un enfant et enrayer ce cercle infernal : celui de la Machine et celui de l'injustice.
Le film m'a fait penser à Matrix et aurait pu faire date s'il n'était pas si explicatif.
Joon-Ho n'a pas son égal quand il s'agit de filmer des images (je pourrai regarder des heures par la fenêtre de se Nostromo sur rail ou me balader dans ses coursives) mais peine quand il doit expliquer son scénario (non pas qu'il ne l'ait pas compris, plutôt qu'il craigne qu'on ne le fasse pas).