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J’ai pas compris... »

Voilà globalement ce que j’ai pu dire en sortant de la projection du Transperceneige ou Snowpiercer en VO. Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train de dire que je n’ai pas compris l’histoire principale du film (la révolution d’un groupe de personne opprimé contre leur classe dirigeante) mais le message que veut faire passer le réalisateur, j’y reviendrais. A noter que je connais absolument rien de la filmographie de celui-ci ni de la bd dont le film est tiré, je ne vais donc pas m’attarder sur cela.

Mais commençons par le commencement, le scénario du film. Pour résumer, la Terre est entrée dans une nouvelle ère glaciaire éliminant toute vie (ou presque). Le reste de l’humanité, réduite à une poignée d’individus, est ainsi contrainte de se réfugier dans un immense train sensé effectuer indéfiniment le tour du monde pour éviter de geler sur place. 17 ans se sont écoulés depuis le démarrage de cette course infinie et nos fameux survivants ont finalement fait fi de leur cohésion pour laisser placer à des disparités profondes entre eux. On a donc d’un côté les citoyens pauvres et affamés situés dans la queue du train et les puissants, opprimant les pauvres et vivant dans le luxe à l’avant du train. Le film commence au moment où les citoyens de l’arrière décident de se rebeller et de remonter jusqu’à l’avant, le tout mené par l’instigateur (malgré lui) de cette révolte. On suit donc tout ce petit monde essayant de remonter jusqu’à l’avant du train.

Voilà pour l’histoire de base. Cependant et bien que l’histoire soit toujours la même tout le déroulement du film, on peut diviser, selon moi, celui-ci en deux grandes parties.

La première partie peut être définie comme la révolte initiale de toutes les personnes présentes dans le wagon de queue. Cette partie est disons la partie visible de l’iceberg qu’est ce film, à savoir un déroulement de l’histoire somme toute très classique dans son déroulement et sa narration mais qui reste diablement efficace (mais je suis peut-être trop habitué aux codes du cinéma hollywoodien). On y ressent toute la tension de cette révolte et du malheur de nos héros. Cette partie est globalement irréprochable, certaines scènes vous prennent littéralement aux tripes tant et si bien que la seconde partie, beaucoup moins classique, fait l’effet d’une douche froide.

Abordons donc cette seconde partie. Celle-ci commence lorsqu’une toute petite partie de nos révoltés (à peine quelques personnes sur les centaines de départ) continue son combat seul. Ceux-ci vont remonter le train seul… et c’est à partir de là que l’on commence à voir que quelque chose ne va pas dans la construction du film, chaque scène suivante correspond à la visite d’un wagon du train par ce groupe. Là où le bât blesse, c’est que les wagons ne possèdent aucun lien logique entre eux, on peut ainsi passer du wagon boucherie au wagon école en passant par le wagon boite de nuit. On n’observe ainsi plus aucunes caractéristiques logiques : il n’y pas par exemple pas de couchettes pour dormir, et bien que le wagon boucherie est remplie de viande, jamais aucun animal n’y sera croisé. On enchaine ce schéma jusqu’à l’avant du train et la résolution de l’intrigue principale (que je ne dévoilerai pas ici pour maintenir le suspens). C’est cette dernière partie du film qu’on ne comprend pas de prime abord, et j’ai dû finalement rechercher plusieurs analyses sur internet pour comprendre donc le sens du film. En réalité le train doit être perçu comme une allégorie des relations dans notre société humaine, de sa hiérarchie et de ses luttes des classes, chaque wagon représentant une part de cette allégorie.

Finalement, nous aurions pu avoir ici un film excellent, si des liens plus évidents entre chaque wagon avaient été maintenus en conservant leur part d’allégorie. On se retrouve ainsi avec un film décousu, comprenant son lot de moment fort et épique (la première partie, le wagon école ou encore le monologue de notre leader révolutionnaire) mais à l’opposé également son lot d’incompréhensions, toute aussi fortes, un comble. Pour moi donc, cela reste un film « moyen-bon », je ne regrette cependant aucunement le visionnage de ce film, ne serait-ce que pour m’avoir fait réfléchir sur son sens des jours durant.
Ha et pour finir sur une note positive, le jeu d’acteurs de tous les personnages est, à mon humble avis, absolument excellent et mérite à lui seul de voir ce film. Mention spéciale pour Tilda Swinton, brillante dans le rôle de mateuse de rébellion cruelle et sans pitié.

Mise à jour : Après un second visionnage et en prenant en compte que le film n'est qu'une grosse métaphore d'une société, il est finalement très plaisant et foutrement bien foutu sur certains points. Les points négatifs restent les mêmes mais sont grandement atténués pour le coup.
Mathieu_Rota
7
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le 18 nov. 2013

Critique lue 465 fois

Mathieu Rota

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