Ce film est totalement givré, il remplit donc le contrat mais satisfait mes attentes d’une manière inattendue, même si en fait je ne savais pas vraiment pas à quoi m’attendre. Je me suis bien fait prendre comme un bleu par une histoire qui alterne sans complexe et sans embûches l’action, la politique et aussi et surtout un humour aussi noir que l’âme d’un Jean-Marie un soir d’avril 2002. J’en suis ressorti avec une tête d’un ravi de la crèche qui vient de prendre un pied Michael Jordan, mais sans avoir vraiment compris le genre de film auquel il avait eu affaire.

Ces couillons d’humains, trouvant que se faire frire au soleil toute l’année sur le cercle polaire commençait un peu à ressembler à une fin du monde toute proche, ont décidé de balancer un gaz rafraichissant dans l’atmosphère, histoire que les tomates groenlandaises cessent de concurrencer les tomates norvégiennes. Pas de chance, le gaz a trop bien fonctionné et a plongé la terre dans une nouvelle ère glaciaire. Claude Allègre restant à ce jour le seul à croire que l’homme n’y est pour rien et va de toute façon trouver une solution au refroidissement climatique qui est d’origine naturelle on vous dit ! Cette solution c’est le Snowpiercer, train fou tournant sans cesse autour du globe avec à bord une poignée de survivants, qui reproduisent comme des cons les codes sociaux de leurs vies d’avant. A l’arrière, les queutards, à l’avant…les têtards !!! Jusqu’au jour où le queutard Curtis en a ras la couenne de bouffer tous les jours des pâtes de fruits et lance une rébellion pour conquérir l'avant.

Donc ce film est fou, car alternant le sérieux des films d’actions qui s’y croient franchement avec des moments de second degrés plein de talents qui prennent par surprise et font exploser de rire, boum... Le meilleur exemple reste cette bataille rangée dans un des wagons, interrompue par le passage sur un viaduc gigantesque, signe traditionnel de la nouvelle année que tout le monde se souhaite…avant de s’entretuer de nouveau. Etonnant d’ailleurs car cette scène, lorsque les torches sont allumées, m’a parue être aussi une des plus belle scène d’action du film, une boucherie totale avec tartare d’humain en bout de ligne. Je reste d’ailleurs admiratif du travail fait pour mettre en scène de si beaux moments, avec autant de figurants, dans des espaces aussi restreints. Tour de force, respect éternel !!

Cette ambivalence du film se retrouve aussi avec les acteurs, d’un côté Chris Evans sérieux et fermé de bout en bout, il est investi et prend à cœur ce rôle de presque messie. En face, il y a la gigantesque Tilda Swinton, mémorable en salope méprisante et méprisable, elle symbolise tout ce qui peut faire honte à la race humaine : arrogante, lâche, opportuniste, vendue, menteuse, psychorigide et manifestement mal-baisée bref, je crois que je n’ai vu à peu près qu’elle tant je l’ai trouvée formidable. Les seconds rôles sont oubliables, pas mauvais mais pas si importants, jusqu’à ce qu’on découvre alors le boss du train dans une superbe scène finale, plus le temps passe plus je vénère cet acteur.

Finalement, je n’en attendais pas tant et les bonnes surprises c’est finalement pas tous les jours. Voilà un film qui manie habilement un vrai fond politique et philosophique, sur l’importance de la vie, la pertinence des classes sociales et ce qui va avec, le déterminisme social. Ceux qui n’y verront qu’un énième film d’action se satisferont d’un nombre de morts non négligeable mais manqueront l’essentiel, le sujet que soulève Yves Paccalet dans un livre polémique, L’Humanité Disparaitra, Bon Débarras ! L’homme est un nuisible qui n’appartient pas à la chaine alimentaire, est-il donc essentiel à son environnement ?
Jambalaya
9
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le 1 avr. 2014

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Jambalaya

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