De l'anarchie et de tremper sa hache dans un poisson.
Hallucinant d'intelligence. Le fim te fait croire à une structure linéaire et symétrique en te posant des le départ la tête du train comme fin de pèlerinage pour mieux se contredire lui-même, se contredire en lui-même en fait. Des paradoxes narratifs il y en a des milliers et tous servent à préparer conjointement la mort de notre imaginaire collectif.
Les personnages se montrent tour à tour aussi invincibles qu'incohérents, ne regagnant une lucidité narrative qu'au prix de l'acceptation de leur faiblesse essentielle. Un plan, une scène ou même un simple dialogue changera de nature au fur et à mesure des wagons, esthétique, puis symbolique pour s'intégrer dans une logique narrative hallucinante. La résonance de l'élément incongru, voire même ridicule ("Know your place. Accept your place. Be a shoe."), mute à chaque porte passée.
Pas vraiment de twist, ni de surprise, l'échéance étant annoncée des les premières minutes. Mais sans complaisance, ni cynisme creux, Bong Joon-Ho pond un truc assez subversif pour briser nos perceptions du mythique et du politique. Nos phalanstères idéaux sont des prisons lancées à trop haute vitesse pour convenir à l'aspiration de l'humain à l’immédiat et à l'immobile.
"La moindre trace du plus insignifiant égoïsme ou même de goût personnel abîme sa pureté et vicie sa force. Le Sabotage Artistique ne cherche jamais le pouvoir - il ne fait que le libérer." Hakim Bey