Je ne connais pas le cinéma coréen, c'est peut-être pour ça que j'ai plutôt apprécié ce film du coup, car à ce que j'ai pu lire il semble très américanisé. Quoi qu'il en soit, il s'agit peut-être ici d'une bonne première approche si comme moi on y connaît pas grand chose en matière de cinéma asiatique. C'est pourquoi la critique qui va suivre, va pour le coup être très personnelle, il va m'être assez difficile de juger tous les pans du film en fonction de leurs influences culturelles.
"Snowpiercer" est un long-métrage singulier (pour moi hein), singulier dans le sens où il ne nous propose pas seulement une critique piquante de notre société moderne, qui court à sa destruction, où les hommes ne sont plus égaux malgré les apparences ... etc. Le film tire son épingle du jeu, à mon humble avis, grâce notamment à son côté assez loufoque. C'est certainement le côté coréen du truc, j'ai ouï dire que les asiatiques avaient parfois un ton assez burlesque dans leurs réalisations, c'était le cas de l'excellent "Stoker" d'ailleurs.
C'est justement cette facette ultra pétillante du film qui lui confère sa pertinence. Pertinence au niveau du sujet évidemment, mais aussi en terme de mise en scène, puisque Bong Joon-Ho nous immisce complètement dans l'univers de ce train infernal. Le film fonctionne car il est anxiogène, et c'est justement parce que l'on se retrouve dans cette posture que le film fonctionne en terme d'ambiance. Même si visuellement certains aspects du train vu de l'extérieur, laissent à désirer, un gros travail sur la lumière et les décors internes à été effectué. En terme de couleurs et de nuances, le film est magnifique, le wagon de la salle de classe ou de l'aquarium notamment.
Mais c'est véritablement en matière de mise en scène que je trouve le film très intéressant. Le challenge avec ce huis clos ferroviaire, c'est qu'il n'était pas facile de se renouveler en terme de narration, et c'est justement grâce à une mise en scène pleine de bonnes trouvailles que le film avance sans être forcément très lent et redondant.
Sa grosses faiblesse en revanche, c'est que la narration est parfois un peu trop explicative, pas démonstrative, mais elle narre justement trop d'éléments, dont certains que l'on aurait préféré garder dans l’ambiguïté.
Mais finalement qu'est-ce que nous raconte "Snowpiercer" ? Il nous parle de survie mais aussi tout simplement d'humanité, et forcément tout ce que cela implique. Ici on est évidemment dans le thème de la dictature à renverser, les pauvres versus les riches. C'est assez simpliste, mais le film traite cela avec une certaine habilité, même si la caricature n'est jamais bien loin, notamment en ce qui concerne un certain symbolisme pour opposer l'orient et l'occident, mais je ne suis pas assez calé sur le sujet pour en parler ...
Côté casting c'est globalement bon. Outre le fait de retrouver Ed Harris et Tilda Swinton en "méchants" très savoureux, c'est aussi un plaisir de voir Chris Evans dans une autre composition que celle du beau gosse un peu boyscout qui incombe le fameux Captain America du Marvel Cinematic Universe. Jamie Bell qui lui aussi trouve sa place dans ce second-rôle assez déjanté. Mais surtout Song Kang-Ho dans un rôle de anti-héros, camé de surcroit et totalement excellent, accompagné de sa fille, jouée par Ko Ah-Sung. C'est tellement rare de voir un film aussi décomplexé sur ce genre de personnages, qui plus est lorsqu'ils jouent les rôles moteurs, que c'est difficile de faire la fine bouche.
Alors bon, oui certes le film est parfois maladroit car il est un peu trop pétri de bonnes intentions. Malgré tout je dois bien avouer que je suis resté captivé tout du long. En ce qui me concerne il est bon, dans la mesure où je ne peux pas juger via les autres films de Bong Joon-Ho évidemment ...