Tous des nabots pris dans la nasse
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C’est le mysticisme scientifique à bord et Mason/Tilda Swinton (enlaidie et meilleure que jamais) vient le traduire explicitement pour les ignares du fond – du train. Ici tous étaient prédestinés et chacun se retrouve à sa place, celle dévolue par les billets à l’époque qui est l’ordre tel que l’a voulu « la Machine Sacrée » de Wilford. Le récit et le concret sont nourris d’un sens propre, comme s’il y avait, in fine, un sens de l’Histoire.
Puis il y a la réalité sociale. Joon-Ho est fataliste. Quand les petits avancent vers les gros, ils se rapprochent du vide et du désespoir – la condition normale de celui qui surplombe (sauf à être un strict exploiteur ou un hédoniste), voyant ainsi la fin du monde, des ressources, du pouvoir ; et le gardant pour lui le plus possible, avec… le marginal (Song Kong-Ho), parfois le leader de foules (pas le cas ici). À ces deux pôles là, on a le mal de l’infini. Inclus et à la remorque des puissants, les considérations (sociales) sont moins visionnaires.
Tout le long de sa progression dans le train, Curtis (Chris Evans, leader populaire ombrageux, un peu trop emo dans l’esprit pour être tout à fait sympathique) découvre les secrets structurant le quotidien des passagers, leur ordre du monde !
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Snowpiercer nous montre là un univers où les valeurs et les devoirs sont dispensés à tous et non simplement aux fractions dominées, mais les personnalités les plus avancées n’en sont pas moins soumises à un sort de bouffons comme les autres.
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