La bonne neige se fait attendre
Le genre dystopique est l’un de ceux qui m’attirent le plus car mettant en scène une humanité presque perdue luttant de toutes ses forces face à l’adversité pour se reconstruire. Snowpiercer est une tentative mollassonne de film du genre mais déçoit surtout lorsque l'on considère le potentiel inexploité qui se cache derrière.
Jamais au cours du film je n’ai pu ressentir la détresse des personnages ou me laissait emporter par l'élan vital qui semble les animer. Les premières scènes mettent bien l’accent sur la dure réalité des habitants du dernier wagon, mais rien n'y fait, ça ne prend pas. Certes ils mangent de la gélatine couleur pétrole, sont traités comme des animaux en cage et se font kidnapper leurs enfants (l’enfance maltraitée, ou comment faire du pathos facilement), mais jamais le spectateur ne s’identifie dans la souffrance des personnages, comme cela peut être le cas dans La Route.
Le réalisateur profite avec talent de la remontée progressive du train pour jongler entre les esthétiques et les genres, évitant de sombrer dans une linéarité lassante. Mais là encore le film pèche et des scènes qui auraient pu devenir cultes déçoivent. Le face-à-face soudain avec les « bûcherons » de Wilford laissait présager un combat bien plus intéressant que ce que l’on peut voir dans n’importe quel film d’action et au lieu de cela, on assiste à une succession de ralentis et d’effets sonores tout sauf réalistes, ponctuée par un retournement de situation en flamme à crédibilité zéro.
Même si le film surprend par moment en s’éloignant des sentiers battus - que ce soit avec l’arrivée inattendue de la nouvelle année ou encore celle du chariot d’œufs et de ce qu'il contient d'autre - cela se limite à quelques exceptions parmi des passages déjà vus ailleurs.