Inclassable mais jubilatoire
Dans un avenir proche, une nouvelle ère glacière à détruit toute vie sur Terre. L'humanité se résume à une poignée d'individus voyageant dans un train faisant le tour du monde pour survivre. Les plus nantis vivent dans le luxe et le confort des les wagons de tête, les plus pauvres dans la crasse et la misère des wagons de queue. Mais la révolte gronde et la révolution sera sanglante.
Vendu comme un blockbuster, Snowpiercer est en réalité un ovni difficile à classer. Adapté d'une bande dessinée Française des années 80 et réalisé par le sud-Coréen Bong Joon-Ho, le film mélange allègrement les genres. A la fois film d'anticipation et d'action, Snowpiercer s'aventure également sur le terrain du grotesque et de la parabole métaphysique. Le film a dû dérouter de nombreux ados venant chercher leur dose d'action effrénée et de destruction massive, car en plus de n'utiliser l'action qu'à bon escient, il développe un scénario dense et menant vers un final bluffant. La mise en scène reste cependant nerveuse et inventive, et on notera la prestation extraordinaire de Tilda Swinton dans un rôle de tyran grotesque et veule absolument génial. On pourra toutefois reprocher au film son coté bavard et son rythme saccadé, mais cela n'enlèvera en rien la qualité des 30 dernières minutes du film, qui sont d'une profondeur rare au cinéma. Les thèmes de l'épuisement des ressources naturelles, de l’exercice du pouvoir, de la lutte des classes, de la liberté individuelle, de la survie de l'humanité sont entremêlées dans un maelström audacieux et jubilatoire. Il y a de fortes chances que ces 30 minutes vous laissent songeur longtemps après la séance. Pour ma part je me demande toujours si la fin du film et terriblement sombre et fasciste ou subtilement optimiste.