Au moment ou la communauté internationale assiste sans sourciller à l'attaque des résistants kurdes par la Turquie, ce film se révèle comme hommage tardif mais nécessaire à ces combattantes qui ont résisté de toutes leurs forces à la barbarie du fanatisme islamique incarné par Daech.
Certes, un film de guerre reste un film de guerre et que le fusil soit tenu par un homme ou une femme, il demeure cet horrible machine à tuer. Rien n'est beau ni bon dans la guerre. On pourra reprocher à Caroline Fourest d’être manichéenne, mais qu'y a-t-il à sauver et à comprendre chez des hommes qui se livrent aux exécutions de villages entiers, aux enlèvements de femmes et d'enfants, aux viols aux autodafés de livres et d'hommes qui lisent ? Comment comprendre la barbarie, le fanatisme ? La seule , mais la grande différence entre un film de guerre type George Clooney en Irak et celui-ci, c'est qu'il montre des guerrières "idéalistes" qui ont pris les armes de leur propre initiative pour que cesse la barbarie dont elles étaient les premières victimes. Forcément l'empathie fonctionne . Ces femmes se battent non seulement pour se défendre, mais pour défendre leur dignité bafouée , la servilité indigne dans laquelle Daech voulait confiner le êtres du" sexe impur et maudit." Ceci pour le fond. Pour la forme, on ne peut que saluer l'audace et la maitrise de la réalisatrice qui s'attaque avec succès à un film à grand spectacle ou les scènes d'action sont aussi maitrisées que les séquences plus intimes et sensibles. On s'attache à ces femmes, certaines venues d'autres pays, et même si les portraits sont inégalement dessinés, elles nous touchent par leurs regards, leurs rires, leurs beautés naturelles et épuisées, leurs foulards à fleurs si insolites sur leurs treillis.Elles s'affirment femmes au delà de l'uniforme pour crier leur existence face à leurs bourreaux.
Amira Casar et Camillia Jordana sont particulièrement justes et attachantes.
Quelques joliesses et naïveté pourront lui être reprochées, (tel ce défilé ou les femmes qui marchent le long d'une crête , se dessinent en silhouettes noires sur un ciel rougeoyant et un paysage superbe en chantant Bella Ciao (mais si c’était Malik on crierait au génie ) .Il n’empêche que l'ensemble emporte une adhésion émotionnelle et intellectuelle sans réserve. C'est un film généreux et courageux.Brava .