Premier long-métrage de l'essayiste Caroline Fourest, Soeurs d'armes s'inspire de faits réels et rend hommage aux combattantes kurdes. La force de ce film de guerre, entre scènes dramatiques et scènes d'actions, réside dans la cohésion et l'interprétation de ce gang de femmes. Par contre, s'emparant d'une masse d'ingrédients déjà-vu maintes fois, j'en suis arrivé, moi spectateur, à une saturation totale. Ici, la représentation de la violence faite de massacre, de viol et d'embrigadement juvénile ne permet aucun imprévus au scénario qui suit une ligne toute tracée. Le traitement très manichéen et l'émotion bien lourde et pathos atténuent lourdement l'originalité du propos ! J'ai l'impression que la réalisatrice n'a pas su donner une couleur homogène à son film, perdue entre film d'action à la sauce hollywoodienne, film intimiste, documentaire, film politique,... Ce qui m'a le plus perturbé, c'est cette scène d'entrainement militaire sur un fond de musique funky où les nouvelles recrues s'éclatent sur le parcours du combattant ! Elle est très maladroite et apporte beaucoup de confusion à l'ensemble du film. Qu'est-ce que la réalisatrice a voulu raconter à travers cette scène qui décrédibilise toute la puissance du sujet ? : "Yeah, la guerre c'est fun !" ou encore "On est des femmes et on sera toujours plus malignes que les hommes"... C'est vraiment dommage, ça donne l'impression que le film s'arrête à la surface de l'action, sans jamais creuser plus loin. Heureusement, l'interprétation de ce casting international est solide et sauve ce long-métrage du naufrage. Amira Casar est imposante de justesse, tout comme Maya Sansa et Noush Skaugen. J'ai été bien moins sensible à Dilan Gwyn, dont l'histoire horrible parsemée de clichés et de violences prévisibles m'a très vite lassé. Et Mark Ryder, bien qu'ayant un personnage on ne peut plus monochrome, joue un terrifiant salopard. Pour son investissement physique et son sujet, Soeurs d'armes aurait pu être indispensable. Mais la maladresse de son ambiance globale et ses clichés à la pelle font couler ce long-métrage dans la catégorie des films dont on peut se passer...