Soldat bleu par Guillaume Bidon
Le massacre de Sand Creek.
Mon nom est Bouilloire Noire, chef des Cheyennes,
Mon peuple m’a demandé de les guider,
Quand nous dûmes fuir les terres anciennes
Lorsque les démons blancs eurent décidés
D’éradiquer les nations indigènes.
Plusieurs fois avec eux j’ai traité
Toujours ils nous promettaient calme et paix
Mais d’être leurs terres ils ont décrété
Alors dans leur voix pleine d’irrespect
Le mensonge s’est à jamais reflété.
Je savais bien trop que faible nous étions
Que notre peuple ne pourrait pas lutter
A armes égales dans cette rébellion
Et risquer ainsi d’être persécuté
Dans une guerre sans compromissions.
Ainsi j’ai choisi la diplomatie,
Ces terres, j’ai admis d’abandonner
Face à la trop dure suprématie
Des visages pâles, serais-je pardonné
D’ainsi, sur notre fierté s’être assis ?
Hélas, ce ne fut pas au goût de tous
Les Chiens Soldats m’ont ainsi réfuté
De ne pas aller à la rescousse,
De ne pas avoir été plus futé !
Les blancs il fallait que je repousse !
Mais que peuvent bien nos tomahawks, nos arcs,
Contre leurs fusils et leurs longs couteaux,
Et de l’amitié, j’avais la marque
Dont le Grand Père Blanc m’avait fait cadeau
Jamais, je n’aurais dû croire ce monarque !
Mes frères Chiens Fous ont, contre mon gré
Les colons Blanc assailli, ces déments
Envahissant nos montagnes sacrées
Pour le métal jaune, uniquement,
Les rendant fous, prêts à se massacrer.
Ils nous dirent "Tant que l’herbe poussera
Et autant que les rivières couleront
Et le drapeau sur le camp flottera
Toujours nos deux nations en paix seront"
Chef Long Couteau tout ceci oublia :
Nous étions paisibles au campement d’hivers,
Les braves étaient partis à la chasse
Les autres vaquant à des travaux divers
Ne doutant point de ce qui se passe
Personne n’imaginait un tel calvaire !
La prairie vêtait son morne manteau
L’hiver arrivait, tout était plus triste
A Sand Creek, l’herbe jaunie du plateau,
Le temps doux fuyant le long des pistes,
Comme le hennissement de nos Pinto.
Les femmes vinrent me prévenir en courant
Qu’il y avait beaucoup de Tuniques Bleu
Sur la plaine, dans le lointain mourants.
Je décidais d’aller par devers eux,
Drapeau américain au vent flottant.
Sitôt fussè-je sorti du campement
Qu’un sourd et bref bruit se fit entendre
Se prolongeant dans un long sifflement,
Le terrain près de moi vola en cendre,
Mettant fin aux palabres violemment.
De rage, je jetais leur maudit drapeau
Et prestement vers le camp je revins
Criant de fuir rapidement ce fléau,
Femmes et enfants coururent comme des ovins
Fuyant ce vindicatif troupeau
Mais rapidement avec leurs chevaux
Ils nous rattrapèrent et furent sans pitié
Des enfants, faisant gicler le cerveau,
Des femmes furent tuées, beaucoup furent violées
Jamais n’ai connus de pires rivaux !
Nous nous réfugiâmes derrière des talus
Mais des guerriers bleus cet infâme chef
De notre sang était bien trop goulu
Avec ses canons tira derechef
Nous sûmes notre vie alors révolue.
Lorsque tous cela fût enfin finit
Nos frères et nos sœurs ayant survécus
Furent témoin de la pire ignominie
Les soldats mutilèrent les corps vaincus
Faisant preuve d’une violence infinie !
Puis à nos tipis ils mirent le feu
Beaucoup de prisonniers eurent étés pris.
A nos femmes et frères avons dit adieu,
Ils ont tous rejoint le grand esprit.
Nos Cœur resteront toujours avec eux.
Bouilloire Noir a parlé !