Voilà un nanar qu’il est bon de redécouvrir avec une pinte dans le nez. Soldat Cyborg nous propose rien de moins qu’un cross over entre Aliens et Terminator, avec ; tenez-vous bien ; des effets spéciaux signés par l’équipe de James Cameron, rien que ça. C’est tout de même difficile à croire quant on voit la défroque de ces monstres moins vivace que celui de Jack Arnold dans L’Etrange Créature du Lac Noir, mais le fait que l'on retrouve les frères Skotak crédité en tant que simple consultant, ce qui laisse présager une très faible implication dans ce projet alimentaire calé entre le tournage de Abyss et celui de Terminator 2. En réalité il s’agit d’une suite officieuse d’un film de William Malone intitulé Scared to Death sortie 10 ans plus tôt. Le réalisateur envisageait bien à l’époque d’en faire une séquelle mais le projet sera remisé faute d’un réel intérêt et des nombreux ersatz du xénomorphe de HG Giger qui pullulait alors sur nos écrans. Finalement le film échouera dans les mains de George Elanjian Jr un réalisateur inconnu au bataillon, cantonné aux productions télévisées. Il semblerait même que le cinéaste est quelque peu perdu le contrôle en cours de tournage face au cabotinage excessif de David Gale qui n’arrêtait pas de se farcir les veines avec la seringue du Docteur Herbert West de Re-Animator. Le remède ne sera néanmoins pas suffisant pour le prévenir de la mort puisqu’il décédera à peine un an plus tard des suites d’une opération au coeur. En tout cas, c’est bien grâce à l’interprétation schizophrénique de ce dernier que le film parviendra à entrer dans une autre dimension alors que tout le prédestinait aux brocantes de Sivry-la-Perche et aux bacs à soldes.
Un scientifique qui tente d’inventer le presse agrume du futur est assassiné par l’une de ses créatures échappait du laboratoire de la corporation qu’il l’exploite. Sa nièce accompagnée d’un reporter décide alors de mener l’enquête pour faire éclater la vérité au grand jour alors que la compagnie tente d'étouffer l’affaire en semant les cadavres sur sa route. Le coupable n’est autre que le Syngenator, un guerrier 2.0 qui ne connaît ni la peur ni la douleur, et qui possède la capacité de se reproduire lui-même toutes les 24 heures. Son seul besoin, il le trouve dans la moelle épinière de ses adversaires. Mais comme les Gremlins, il ne supporte pas l’eau et possède un pois chiche à la place du cerveau ce qui empêche toute attaque coordonnée, ou raisonnement logique comme le fait de pouvoir utiliser une arme ou bien un monte charge. Ce qui devait être le point fort va donc rapidement devenir le boulet du film. A l’instar de Robocop, le réalisateur cherche surtout à décrypter les enjeux scientifiques, politiques et moraux autour de ces créations génétiques que cette société destine à remplacer les soldats sur le champ de bataille pour aller combattre les talibans dans le désert du Moyen Orient. Evidemment, les guerriers vont être détournés de leur but premier pour servir une lutte intestine entre cols blanc ce qui va précipiter la ville dans le chaos ou presque… car en réalité, l’invasion sera plus ou moins confinée au sous-sol de l’hôtel servant de cadre à l’intrigue.
Le problème, c’est qu’on ne croit jamais à ces costumes de latex ringards d’autant que les cyborgs sont assez lents du bulbe et finalement peu menaçant, puisqu’on peut facilement les prendre de vitesse et leur coller un taquet. Dans ces conditions, Al Qaida n’a pas trop de souci à se faire puisqu’un simple tuyau d’arrosage suffirait à en venir à bout, même si pour cela, tout le casting devra y passer après avoir expérimenté rayon laser et rasade de plombs sur le contingent de créatures apathique. Comme tout bon nanar qu’il se doit, Soldat Cyborg passe largement à côté de son sujet et foire même tout ce qu’il entreprend de bien ; scènes d'épouvante, d'action, mise en scène télévisuel, VF abominable, bref rien ne va dans ce film... Heureusement, le réalisateur pouvait compter sur les zygomatiques de David Gale pour le sauver du néant. Le coup d’un divorce n’aura visiblement pas suffit à freiner ses velléités artistiques et son affection pour les rôles de sociopathe, bien au contraire, puisqu’il interprète un PDG despotique atteint de sévères crises de démence. L’acteur dresse ainsi un portrait toute en nuance d’un homme psychotique et tourmenté, affichant un comportement passif-agressif avec ses employés, pour ne pas dire lunatique puisqu’il passe du coq à l’âne en l’espace d’un instant. Parfois le personnage sort de sa léthargie pour bondir tel un diable à ressort, à grand renfort d'éclat de rires sardonique et de trans colérique, à taper du poing sur la table, briser un miroir ou bien pulvériser ses subordonné au pistolet ou au faisceau laser, avant de se mettre à danser avec des oreilles de lapin sur la tête quitte à sombrer dans le ridicule achevé. Sans lui, le film n’aurait probablement suscité qu’un ennui ferme et polie et serait instantanément tombé dans l'oubli. Comme quoi, plus barge est le méchant, plus relevé est le navet. Que l’on donne un oscar à cet homme !
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