Dans une interview au site Cineuropa, Carlo Sironi confie avoir beaucoup regardé les films de Mikio Naruse avant de tourner son premier long-métrage. Il y a effectivement dans Sole une rigueur mélancolique, si l'on ose dire, qui est aussi présente chez le maître japonais. Rien ne semble dû au hasard dans la conception du film, tant sur le plan de l'image (avec des objectifs des années 60), de ses couleurs océaniques qui plongent les deux jeunes héros du film dans une sorte d'aquarium, ou encore de son étrange musique électronique. Le récit n'en est pas moins précis dans son laconisme avec des dialogues minimalistes et le peu d'information donnée sur ses protagonistes principaux que l'indifférence à la situation vécue (la vente programmée d'un bébé dès sa naissance) est couplée à la perspective d'amasser un peu d'argent. Le film prend le risque calculé de nous présenter des personnages peu sympathiques de prime abord mais dont on pressent le changement d'attitude quand l'enfant paraîtra. L'idée de faire jouer la jeune fille par une actrice professionnelle (polonaise) et un garçon débutant (italien) était bonne tant il est évident dès le départ que leur culture et leur expérience sont dissemblables. Sole est un joli film, indéniablement, mais pas dans une acception mièvre du terme. Il a des accents réalistes et possède tous les atours d'une fiction réussie, en particulier dans sa dernière demi-heure. Sa fin est ouverte, en toute logique, comme la vie qui attend ces deux jeunes gens qui l’appréhenderont sans doute avec moins d'indifférence après leur singulière et perturbante aventure commune.

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le 10 août 2020

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