Un immigré africain vient en France afin de trouver du travail, mais il va se confronter au racisme ainsi qu'aux préjugés.
Disparu en 2019, Med Hondo aura eu le temps de voir son premier film, Soleil Ô, réhabilité par les fondations de Martin Scorsese et George Lucas, qui ont participé à sa restauration pour une diffusion à Cannes Classics deux ans plus tôt. Ce qui en dit long quelque part sur l'incompréhension qui est que le film n'est pas plus connu dans son propre pays, la France...
On connait surtout Med Hondo pour son travail en tant que comédien de doublage, en particulier la voix d'Eddie Murphy, mais c'était surtout pour lui un moyen de financer sa propre œuvre, résolument engagée, et luttant contre le racisme.
Soleil Ô aurait pu n'être qu'un portrait de ce mal à la fin des années 1960, à travers cet homme joué par Robert Liensol, mais c'est encore et malheureusement toujours le cas. La peur de l'autre, voler le travail aux véritables français... ce sont ces images-là qu'on voit, avec une scène marquante où Liensol se rend chez une femme pour une annonce de comptable, et en le voyant arriver, c'est à peine si elle le prend pour le diable.
Mais malgré tout, je dirais que le film n'est pas facile, dans le sens où il mélange un peu tout, image en noir et blanc, photos, voix off, chansons et même animation, d'où le fait que le message est parfois lourdement asséné, à l'image de l'introduction, mais Soleil Ô est indubitablement l’œuvre d'un homme en colère. On voit ça et là quelques connaissances, dont Gérard Hernandez ou Bernard Fresson, et il y avait si peu de moyens que le tournage a duré près de deux ans, le temps pour Med Hondo de grappiller de l'argent avec des doublages. Le système français de l'époque a censuré le résultat pour qu'au final, il ne sorte qu'en 1973, soit près de six ans après.
Quelque part, je dirais que sur un film fortement inspiré par le cinéma de Jean-Luc Godard pour le côté kaléidoscope, avec la politique qui s'en mêle, Soleil Ô est un film curieux. Pas inintéressant, mais je pense qu'en s'accrochant un peu, le résultat en vaut la chandelle.