La première fois que j’ai vu cette réalisation, cela m’a presque fait un choc. Jamais je n'avais visionné une production qui m’avait autant écœuré pour sa vision métropolitaine ravagée par une série d’événements désastreux. La production traite de manière intelligente, avec un réalisme effrayant et sourcilleux, plusieurs sujets stupéfiants comme l'épuisement des ressources naturelles, la pollution, la pauvreté ou la surpopulation. Richard Fleischer, réalisateur de brillants longs-métrages comme Vingt mille lieues sous les mers ou Le Voyage fantastique, fait encore preuve d’un sens de la technicité très démonstrative et d’une qualité de réalisation pertinente, dans l’optique de nous persuader que nos faits quotidiens et nos mauvaises habitudes nous mènent tout droit dans le mur. En s’inspirant d’un roman écrit par Harry Harrison, le metteur en scène nous propose un nouveau genre de cinéma, celui qui marie ingénieusement le genre de film d’anticipation, celui du policier et également celui de la science-fiction.
J’ignore si le cinéaste a respecté point par point le roman mais en tout cas, il maîtrisait très bien son projet pour que sa réalisation soit une belle référence du cinéma d’anticipation. Même en dirigeant un excellent et magistral Charlton Heston et en tenant dans les mains un scénario hors norme, Richard Fleischer savait comment accentuer les moments forts et les tensions incontrôlables entre les humains. Il a signé sa réalisation avec des plans étourdissants comme ceux d’un New-York surpeuplé ou ceux qui témoignent invraisemblablement d’un manque total de flore et de faune. Par une mise en scène astucieuse et digne de celle d’un film policier, le réalisateur mène son personnage principal dans une série de péripéties à la fois dangereuses et inquiétantes, installant même une pression et une tension nous ne laissant absolument aucun répit pour souffler.
Pour plus de sûreté, le réalisateur cadre de nouveau trois acteurs sûrs comme Edward G. Robinson ou Joseph Cotten, des artistes qui ont justement collaboré avec le cinéaste lors du tournage du film Le Génie du mal. Avec assurance et bonté, il cadre ces artistes, ainsi que d’autres, d’une manière directe et avec professionnalisme, de sorte que chaque acteur se sent bien impliqué de ce que leur personnage subisse. En plus de ces interprétations persuasives, le metteur en scène ajoute plus de valeur morale à son projet avec des décors urbains nerveux, une organisation civile bordélique, un aspect documentaire efficace et un dégagement de bonheur payant. En résumé, c’est une réalisation qu’on n’est pas prêt d’oublier. 8/10
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