Solitaire
5.9
Solitaire

Film de Greg McLean (2007)

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Une groupe de touriste, en Australie, part visiter l'Australie sauvage sur un petit bateau ridicule que jamais tu montes dessus toi, oui toi qui a entendu et ré-entendu "il nous faudrait un plus grand bateau". Tout va bien dans le meilleur des mondes, les vacanciers se rincent les mirettes grâce à des décors naturels tout à fait splendides, quand ils aperçoivent une fusée de détresse, pas très loin. Personne ne répond à la radio, la distance est estimée à trois kilomètres, et c'est un peu à contre-coeur qu'ils se lancent à la recherche de l'origine de cette fumée rougeoyante. Origine qu'ils trouveront, submergée. Alors que le groupe constate la catastrophe, ils se font bousculer, le bateau coule à moitié, une petite île est en vue, ils s'y précipitent. Sans le savoir, ils viennent de poser les pieds sur le garde-manger d'un crocodile aussi imposant qu'intelligent... et affamé. La nuit tombe, et avec elle, la marée monte. Dans quelques heures, l'île aura totalement disparu sous les flots.

McLean, ce nom vous dira peut-être quelque chose. Son premier film, Wolf Creek, petit survival, n'était pas passé inaperçu. Choc, voir barbare, poisseux, contemplatif, un travail sur l'ambiance remarquable, un final mémorable, tout ça un peu entaché d'un début un peu longuet. Pour ce deuxième film, le réalisateur australien se trouve embarqué avec les Weinstein. On ne reviendra pas sur les nombreux films que ces deux gros tâcherons ont tout simplement saboté (coucou Abîmes, l'un des meilleurs films fantastiques de ces vingts dernières années totalement passé inaperçu parce que pas assez bankable), mais on a toutes les raisons de s'inquiéter dès le générique. Soit, on se dit que le cut ne sera pas celui du réal, que peut-être quelques personnages ont été imposé, et ce sans même avoir vu ce qu'il se passe après l'écran-titre. Mais passons, n'y revenons pas, ne nous énervons pas.

Première chose qui frappe, et qui rassure, McLean est toujours aussi prompt à trouver des paysages somptueux. Le début est marqué par des plans en hélico tout simplement grandioses, aux couleurs éclatantes, sans doutes un peu aidées à l'étalonnage mais terriblement dépaysantes. Et heureusement que ces plans sont là car, en même temps, arrive une deuxième sensation qui va, comme la première, baigner tout le long du film : l'interprétation est une catastrophe. Pire, les personnages, dans leur ensemble, n'ont aucun relief, aucune saveur, rien. On pourra se consoler en se disant qu'un film de ce genre n'a pas besoin de pousser dans ce sens pour être bon, ce qui serait oublier que là est la première qualité des Dents de la mer. Ou bien en pensant qu'il s'agit là d'une critique du touriste, pas vraiment impliqué dans cet environnement, plus passif et finalement meilleur proie étant donné ses réactions, totalement stupides, en milieu hostile. Mais rien, rien ne peut justifier l'antipathie que dégage Michael Vartan. Outre le doublage de la VF à fuir le plus vite possible et qui n'arrange pas les choses, il dénote complètement par un jeu volontairement cynique, mais mal maîtrisé (mal dirigé ?) qui fait que certaines scènes de tension peuvent se voir dévaluées par un simple insert le faisant apparaître. Sa présence inexistante, ses mouvements sans ampleurs, sa mono-expression qui ferait presque passer l'imbattable Seagal pour un jeune premier de l'Actor's Studio, en bref il désert le film par sa seule existence à l'écran.

Au-delà de ce choix de casting douteux, et ce défaut d'écriture qui a visiblement survécu à Wolf Creek, on tient là le meilleur film d'attaques animales depuis bien longtemps. Depuis le chef-d'oeuvre de Spielberg ? Oui, sans doutes, tant ses descendants se sont cantonnés à appliquer la règle du "plus loin, plus violent". Comme dit plus haut, il ne faut pas compter sur une intelligence fondamentale. Par contre, le principal est tout de même sauf : on flippe sévère. Grâce à un ressort dramatique d'une efficacité redoutable : la marée. Celle qui fait que le temps est compté, qu'on se précipite, qu'on panique, qu'on échoue, qu'on meure. Associé à une nuit bien photographiée et éclairée, avec son lot de brouillard qui renforce l'ambiance, il instaure un suspens prenant pour une bonne partie du film. toute cette partie est un modèle d'utilisation de l'environnement. L'eau, toujours dans le cadre, découpant les personnages, comme une menace lancinante, une approche en constante progression.

Puis, arrive le dernier quart, et un enchaînement de bullshit assez rageantes. Le coup de la promise au héros qui meurt, mais en fait non, la découverte de la tanière, tout se fait avec un détachement assez déconcertant. Il suffirait de se laisser aller pour prendre un total plaisir, mais beaucoup de choses sonnent réellement faux. Jusqu'au final d'ailleurs, très sage et convenu,

En bref, un film de croco effrayant, moins porté sur l'attaque et ses dégâts que sur l'ambiance. Potentiel excellent passablement foutu en l'air par une écriture paresseuse. Dommage.
Bavaria
6
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le 30 avr. 2011

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