Comme le titre latin l’indique, le film traite de solitude à travers 4 personnages dont le point commun est de fréquenter le même psychanalyste, Arthur Morhan (Eddy FROGEAIS), pour qui, « la vraie liberté, c’est quand on est seul ». Le cinéaste a voulu réaliser à la fois un film choral et à sketchs mais ces derniers sont inégaux et le film est trop long (1h58). L’histoire de Liam, en couple pendant 8 ans avec Fiona, ancien chômeur, probablement schizophrène, devenu ermite dans la forêt, est confus et sans intérêt ; celle de la vendeuse chez un épicier-caviste, victime du machisme de son patron et de certains clients, est un brin potache et amusante mais pas indispensable. Le 3e sketch sur Murphy, enfant laissé seul, avec son ours en peluche Eddy, pendant 3 heures dans l’appartement, par sa mère Fiona, expose, à partir d’une envie de bonbons, un enchainement d’actes aux conséquences catastrophiques et rappelle les comédies burlesques des Marx Brothers et de Laurel et Hardy ou, à un degré moindre, « La Party » (1968) de Blake Edwards. Le 4e sketch s’inspire de l’expérience du psychologue américain Stanley Milgram (1933-1984), en 1963, sur le comportement humain face à l’autorité et la soumission à celle-ci [déjà traité au cinéma dans « I come Icare » (1979) d’Henri Verneuil et « Expérimenter » (2015) de Michael Almeyreda] et la revisite brillamment. Le 5e sketch qui fait office d’épilogue et de synthèse, est d’une grande pertinence avec le psychanalyste qui s’adresse sans filtre à ses patients, ayant absorbé à son insu, une boisson contenant une molécule libérant la parole, discourant sur la vérité et le mensonge. Malheureusement, le réalisateur s’est contenté d’assembler ses 4 courts métrages réalisés antérieurement [« Aux yeux d’une femme » (2019) (= 1er chapitre, « Le temps des illusions » (non sorti) = 2e chapitre, « En quête d’emploi » (non sorti) = 3e chapitre et « L’effet boule de poils » (non sorti) = 4e chapitre] et dont la somme dure 85 mn. On est bien loin du film espagnol « Les avantages de voyager en train » (2019) d’Aritz Moreno, certes beaucoup plus trash mais plein d’inventivité grâce à un montage en mise en abyme en 3 chapitres. Le film à sketches, sans lien entre eux, aurait été préférable, comme dans « Les nouveaux sauvages » (2014) de Damián Szifrón. Heureusement, le film est sauvé par le talent des acteurs. Pour l’anecdote, vu que le réalisateur est originaire de Lorient, le film a été tourné aux Roches-du-Diable (Finistère) (scènes de l’ermite), à Lorient (vendeuse) et au restaurant Ima (1 étoile Michelin) à Rennes [scène entre le psychanalyste et l’enquêteur- recruteur cynique et odieux (Pierre DEVANN).

bougnat44
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le 31 juil. 2024

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