Il y a des films longs à la détente, il faut du temps pour que les choses se mettent en place, qu'une intrigue se profile. J'ai attendu 30, 40, 50 minutes, 1 heure. Puis je me suis résignée. J'ai compris que Soller Points ne démarrerait jamais. Alors j'ai ragé en silence, j'ai regardé les décors, tout ce qu'il reste à ce film.
Keith nous ballade dans les quartiers populaires, chez papy et mamy, chez les gogo danseuses, au qg des dealers, au supermarché, au centre éducatif, à l'université des beaux arts... Et même au cimetière, si c'est pas fabuleux ça... Une vraie visite guidée de Baltimore en vieille bagnole sur fond de rock plutôt hardcore.
Le reste, néant. On suit les péripéties à deux balles d'un mec à la démarche de pingouin atrocement insupportable (insupportable tout court, en fait). Certains se reconnaîtront sûrement en cette figure du mec impulsif qui noie des bagnoles sur un coup de tête. Certaines tomberont peut être sous le charme de ce badboy renfermé. D'aucuns éprouveront de l'empathie voire de la sympathie à l'égard de ce jeune adulte laissé pour compte au ban de la société avec ses tourments. Moi, il m'a juste fait perdre 1h40 de ma vie à errer dans sa ville.
Les personnages secondaires se résument au statut de PNJ (personnage non jouable dans les jeux vidéo pour les non initiés), c'est à dire qu'ils ne servent qu'à donner des missions ou gratter des items. Un GTA du pauvre en quelques sortes. Entre quelques missions du style amener de la feraille à la déchetterie ou ramener une vieille tondeuse à gazon chez son ex (no fake, j'ai pas assez d'imagination pour inventer des trucs aussi nazes) et des rix avec ses ex compagnons de taule...
Les dialogues restent heureusement compréhensibles malgré leur bassesse. Il fallait alors un oracle, le fameux Sage avec un grand S qui déblatère des proverbes de papillotes pour épater les simples d'esprit. Et il est là, lui aussi ! Chef des dealers, carrure imposante, rasé comme un moine tibétain, le grand et unique Mom. Bref, aucune finesse dans les dialogues.
Je me demande ce qui a bien pu foirer dans l'élaboration de ce film. Le scénar' bancale dès les départ ou la réalisation qui n'a pas su retranscrire les difficultés ? Parce qu'à ce stade, autant faire un docu avec des mecs qui ont vécu cette expérience, on aura des témoignages bien plus intéressants que ce qu'on nous montre ici.
[Conclu']
Faut croire que je nage à contre courant. Sur le boîtier du DVD on me vend un acteur époustouflant (pas totalement faux, il a une certaine prestance) et un film d'une franche beauté. J'ai juste vu un mec paumé qui fait nimp' au volant de sa bagnole. Indéniablement tourmenté. Indéniablement barbant à regarder.