Pour une fois, comme le dit en introduction Coline Serreau, l'heure n'est plus à tirer la sonnette d'alarme, mais à dessiner les perspectives de la société de demain et je trouve cela passionnant.
C'est vrai que sur la forme, il y a matière à redire, le Gasland de Josh fox est plus... « beau » ? Mais arrêtons là immédiatement, il ne me semble pas que cela soit très important à côté des enjeux qui sont exposés dans ce film.
L'abondance des ressources énergétiques a permis à la société occidentale de mener son développement exponentiel depuis la révolution industrielle.
On commence à comprendre, aux quatre coins de la planète, que le modèle de croissance infinie, de consumérisme et de productivisme, jusque là encouragé par une collusion d'industriels et de politiciens influençables et dont nous avons « tous » plus ou moins profité jusque là, est en train de brutalement s'effondrer et de précipiter l'humanité à sa fin.
Pendant longtemps, on entendait les individus s'inquiéter du monde que nous allions laisser à nos enfants. On parlait avec angoisse d'un avenir de plus en plus incertain et fortement hypothéqué. Eh bien, il semble que nous n'attendrons pas nos enfants pour avoir à faire face à la « catastrophe ». On y est. Ceux qui n'y croient pas ne sont pas tout simplement encore informés. Mais c'est simple, un coup de google et de wikipédia... tapez « pic pétrolier » par exemple...
Ceux qui, fatalistes, regardent encore cela comme une calamité devraient s'ouvrir à d'autres perspectives. Malgré mes craintes, je m'efforce de voir la mutation à l'œuvre comme une chance inespérée. Comme Coline Serreau j'imagine.
Il est jouissif dans son film, bien au-delà des tirs à boulet rouge sur les responsables, d'admirer la résilience des être humains, leur capacité à se regrouper et se montrer généreux, de donner, partager, se contenter de peu et jubiler, visiblement heureux. Les semences, patiemment sauvées des griffes de l'industrie, cette sagesse millénaire et l'envie de vouloir la transmettre à ses voisins, sont porteuses d'un espoir assez exaltant auquel on aurait spontanément envie de participer.
Ce ne sont finalement pas les combats des écolos, des « anti » ou des « alter » qui arriveront à changer notre vision du monde, mais la seule nécessité. Il ne va pas y avoir d'autre choix viable : S'adapter à un monde sans pétrole bon marché. Bienvenue dans le monde des « transitionneurs ».
Si on ne fait pas l'effort collectif de comprendre, apprendre et agir, le boulevard reste grand ouvert aux marchands de mort. L'humanité est à un tournant décisif et périlleux.
Donc, j'encourage tout le monde à voir ce film, puis s'interroger sur son rôle, en tant qu'individu, dans les mois et les années à venir!