Une existence vide de sens... jusqu'à ce que ?
Si débuter un film par un plan fixe de Ferrari enchaînant les tours de piste est clairement osé, l'inhabituelle longueur des séquences de Somewhere se justifie parfaitement. Les étirer dans le temps leur donne du sens. Si si ! Ainsi, le pole dancing vire au grotesque, la gracieuse chorégraphie en patins transperce peu à peu le coeur du père, la glandouille au bord de la piscine symbolise une forme de quiétude, de bonheur simple, etc. Certains n'y sont pas sensibles mais, à mon sens, rien n'est "gratuit" ! Comme à l'époque de Lost in Translation, Coppola se retrouve à filmer magnifiquement l'ennui, la vacuité, le factice, le désintérêt... Et, paradoxalement, moi ça me secoue assez.
Alors oui, c'est minimaliste, c'est du contemplatif à rallonge et c'est pratiquement muet. Et non, on ne connait presque rien de la relation entre Johnny et son ex-femme ou de sa carrière cinématographique. Mais c'est un choix, celui de se concentrer sur l'instant présent, sur l'humain, sur un rapprochement père/fille presque imperceptible... sans virer dans le pathos, alors que le sujet s'y prête bien. Il y a bien une scène où les nerfs du héros lâchent mais ça reste soft. Quelque part, c'est même un peu dommage mais cette volonté de toucher sans forcément émouvoir est finalement assez louable.
Sans retrouver le génie d'un Lost in Translation, Coppola a accouché d'une péloche tout en simplicité, triste mais digne, drôle à la marge... et finalement très touchante. Une réussite !