Trois ans que j'attendais de le voir, trois ans que j'attendais qu'il soit dispo chez nous, en anglais, en français, avec sous-titres, sans sous-titres, qu'importe, trois ans à regretter de n'avoir pas participé au crowdfunding, trois ans à vérifier les catalogues Itunes, Netflix, Amazon Prime, en attendant vainement que les restrictions territoriales soient (peut-être) levées un jour (tu rêves, mon grand), trois ans à fantasmer ce film SF indé (passé entre temps de "Somnio" à "Infinity Chamber" sans perdre de sa superbe) avec juste sa bande annonce à me mettre sous la dent. En boucle. C'est dans le ton.
Et finalement, voilà, j'ai craqué : en dépit de son prix, plutôt élevé quand on ignore s'il passera sur un lecteur européen (le DVD n'a pas cette politesse), je me suis décidé à commander le Bluray - et advienne que pourrait.
Coup de chance, il est all zones. Sans sous-titres, certes, mais ça restera mieux que rien.
Bien mieux que rien, en fait, compte tenu de la qualité de ce huis-clos futuristique fauché, certes, mais dans le meilleur sens du terme - en cela qu'il ne repose ni sur ses SFX discrets, ni sur des scènes d'action aux abonnés absents, mais sur un scénario K. Dickéen à la fois redoutable et émouvant (jusqu'à sa toute dernière minute) autant que sur l'interprétation magistrale de Christopher Soren Kelly (Ink, The Frame, Chasseur, The Tangle, ...), lequel livre une performance d'autant plus spectaculaire qu'il passe les trois quart du métrage seul face à la caméra.
Brillamment écrit et non moins brillamment réalisé par Travis Milloy (Pandorum), magnifié par la musique lunaire de Jacob Yofee, Infinity Chamber prouve une fois de plus que l'argent n'est pas nécessaire quand on a de l'idée, qu'il devient un poison quand on a dû talent, et qu'on peut très bien tenir le public en haleine entre quatre murs en noir et blanc, sans avoir à le bombarder de flashs stroboscopiques ou de gunfights décérébrés.
Un de ces films trop rares - difficiles d'accès, peut-être (certains spectateurs passeront à côté, c'est inévitable), mais qui vous transportent avec trois bouts de ficelle (particulièrement bien ficelés) et qui vous hante encore longtemps après que le dernier nom du générique ait disparu de l'écran, comme Coherence et Frequencies en leur temps. Ou comme un Nolan, mais sans le melon. Avec la voix acidulée d'Olivia Millerschin en guise de découverte finale, pour planer encore un peu entre le rêve et la réalité.
A tel point qu'on n'a qu'une envie, en bout de pellicule : le relancer.
Alors relançons.
Rebootons Howard, et le Bluray avec, c'est une mise en abyme.
Nous n'avons pas vu ce film. Pas encore. Nous l'avons juste sur le bout de la langue.