Bien que plus d'un milliard de personnes dans le monde y croient dur comme fer, la réincarnation n'est pas un sujet très fréquent au cinéma en Occident... C'est l'une de nos particularités, cette ouverture à l'altérité... Bref, voilà donc un film qui répare un peu l'affront, sur le mode de la lenteur et de la contemplation. La lenteur, en général, c'est soit hypnotique (La ligne rouge) soit fastidieux (The tree of life); cette histoire-là parvient à se tenir sur le fil, sans céder à des manies trop faciles, et à maintenir l'intérêt malgré un rythme de sénateur. Il faut dire qu'elle s'appuie sur une construction solide, faite de flashbacks savamment dosés, qui tombent toujours à pic, et une photographie élégante, qui permet de s'occuper les yeux tandis qu'il ne se passe pas grand chose à l'écran. L'Inde y est pour beaucoup, il faut dire. Donc des qualités certaines, et des moments poignants. La faiblesse, à mon avis, c'est le flou qui règne au moment de bascule, quand Joseph (Yvan Attal, égal à lui-même) franchit la ligne blanche qui le maintenait du côté des incrédules. Ou alors j'ai été distraite; mais en tout cas, je ne vois pas du tout ce qui a bien pu faire du nihiliste qu'il était un homme nouveau, ouvert à l'improbable. Mais peu importe, on garde de son histoire avec Catherine, une femme pleine de failles et de grâce à la fois, un souvenir tenace, qui est la marque d'un film dense, nourri d'une profonde intériorité.