Boudewijn Koole, le réalisateur néerlandais, a choisi de situer son film en Norvège septentrionale, laquelle nous est montrée comme un immense paradis blanc, paysages de neige à perte de vue, de forêts, de montagnes, quelques rares animaux, chiens de traîneau proches du loup, puissants élans à peine entrevus, rares humains aux yeux bleus, à la peau blanche ou rougie par le froid, durs au mal et aux conditions climatiques extrêmes. Neige, silence et solitude, à peine troublés par quelques chants d'oiseaux, des aboiements / hurlements de canidés. Ou plus harmonieusement, une sonate de Schubert.
Une jeune femme, Roos, photographe-écrivaine retour d'un grand reportage en Afrique noire, vient retrouver sa Norvège natale et ce qui lui reste de famille : sa mère (depuis longtemps séparée de son père, évaporé depuis) et son jeune frère (12-14 ans). Elle aime beaucoup son frère (qui l'aime aussi beaucoup) et a des relations tendues avec sa mère qui fut une célèbre pianiste aujourd'hui retirée des tournées mondiales et qui donne des cours particuliers de piano à une douzaine d'élèves du village voisin (dont on devine, sans jamais le voir, la proximité). La nouvelle que Roos vient apprendre aux deux membres restants de sa famille, elle l'apprend d'abord, à l'occasion d'une très belle scène d'amour magnifiquement filmée, à un amant retrouvé. Le film a des accents bergmaniens, nordiques. Les personnages principaux sont castés exactement comme il faut. Pas forcément beaux, mais tous intéressants. Cette Norvège-là ressemble terriblement à l'idée que je me fais du Labrador canadien ou du Québec le plus septentrional. On retrouve aussi un peu les stéréotypes scandinaves : le bain dans l'eau glacée d'un trou taillé à même un lac gelé, la scène de sauna entre frère et soeur (apparemment, dans ces contrées-là, les maisons peuvent avoir leur sauna privé), l'aquavit qui réchauffe le coeur et qu'on boit à toute occasion, les promenades à traîneau tiré par les chiens. Le film est beau, froid, dur, forcément triste. Mais j'ai aimé. La neige immaculée console de tout. Elle est le plus beau des linceuls.
Le titre original du film est Disappearance (en français : "Disparition").