2 fois plus de fun, en bien comme en mal

Avec le succès surprise du premier film Sonic le Hérisson, une suite a été évidemment mise en chantier, toujours réalisé par Jeff Fowler avec en vedette Ben Schwartz (Parks and Recreation, La Bande à Picsou (2017)), Jim Carrey (Le Mask, Dumb & Dumber, Le Truman Show) et James Marsden (X-Men, Il Était une Fois), mais accueillant en plus Colleen O’Shaughnessey (Digimon, Sonic Boom) et Idris Elba (Thor, Pacific Rim, Le Livre de la Jungle (2016)). Après un premier film charmant mais très peu surprenant et plus proche d’une comédie hollywoodienne quelconque que de Sonic, il serait temps avec ce second volet d’exploiter un peu plus l’univers du petit hérisson bleu pour offrir une expérience cinématographique définitive et remarquable tirée du personnage. Est-ce qu’on y arrive ?


Désormais installé chez les Wachowski (James Marsden, Tika Sumpster), Sonic (Ben Schwartz) s’ennuie un peu et désire de l’aventure. Celle-ci arrive quand les Wachowski quittent la maison pour un mariage à Hawaï : Le Dr. Robotnik (Jim Carrey) est de retour, cette fois-ci accompagné d’un allié, Knuckles l’échidné surpuissant (Idris Elba), qui lui est à la recherche d’une mystérieuse Émeraude Mère cachée sur notre planète. Sonic devra donc partir à sa recherche avant qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains, lui aussi accompagné d’un nouvel ami, Tails le renard à deux queues (Colleen O’Shaughnessey).


Comme dit précédemment, c’est grâce au succès surprise du premier film Sonic que ce second volet est arrivé. Une suite qui promettait d’en faire plus, d’en envoyer plus, et d’aller plus loin, autant pour les fans de Sonic que pour les cinéphiles en général. Plus de personnages et d’évènements tirés des jeux, plus d’action et d’aventure, plus de comédie et de folie, « 2 fois plus de fun » disait le marketing. Et bien, il faut dire que oui. Sonic le Hérisson 2 est un film qui en effet en mets deux fois plus dans ce qu’il fait, là où il le faut, mais aussi là où il ne devrait pas.

Alors, tout commence par notre petit hérisson qui, voulant être un justicier à la Batman, se mets à foutre le bordel malgré lui là où il va. Ainsi, Tom lui rappelle qu’il doit grandir, qu’il ne peut pas continuer à faire l’enfant et que s’il veut être un héros, il doit prendre en considération les autres au-dessus de son désir d’adrénaline. Sur cette intro, les Wachowski s’en vont, laissant la maison à Sonic. Et c’est là qu’arrive le retour de Robotnik, celui-ci accompagné de son allié Knuckles, ainsi que l’arrivée de Tails, et avec lui, une aventure où les deux protagonistes doivent partir en voyage pour retrouver la mystérieuse Émeraude Mère avant les méchants. Une aventure pas très originale certes, le genre d'aventure déjà vu dans bien d’autres films (Indiana Jones, Les Goonies), mais plutôt plus intéressante que ce qu’on a eu dans le précédent film.

On a là, en effet, toujours une aventure entre potes, mais cette fois-ci plus portée sur une chasse au trésor dans de différentes zones inexplorées et variées du monde, ce qui permet ainsi plus de dépaysement pour nos personnages, le tout dans le but de découverte surnaturelle. Cela étant déjà plus captivant qu’un simple road-movie en voiture à travers les petites rues des USA pour récupérer des anneaux du premier film. D’ailleurs, parlant de ce premier film, on ne peut quand même pas s'empêcher de constater que sa suite en reprend presque intégralement la même structure, avec Sonic prenant le rôle de mentor à la place de Tom.

(Une grande explosion/onde de choc électrique envoie un signal dans l’espace, Sonic vit sa vie dans le monde des humains, Robotnik arrive chez les Wachowski, Sonic est amené par son nouvel acolyte en voiture, exposition sur l’aventure : retrouver un objet mystérieux, Sonic et son allié arrivent dans une taverne où il font un peu des bêtises, Robotnik traque les héros par signal téléphonique, une séquence d’action poursuite avec Robotnik, un des héros est blessé, les héros rejoignent les Wachowski pour de l’aide, Robotnik trouve la source du pouvoir qu’il recherche, Robotnik utilise ce pouvoir, combat final dans la ville de Green Hills, Sonic est plus près d’une famille, fin).

La structure familière n’est pas en soi un souci, cela étant même le cas dans de grands classiques tel la trilogie Retour vers le Futur. Mais là dans Sonic, cette formule vient tout de même limiter les possibilités de scénario, d’exploration. Surtout connaissant la franchise Sonic et tous ces lieux hauts en couleurs et grandioses qu'on aurait pu explorer. Nous sommes dans le monde des humains et non le monde de Sonic, certes, mais pourquoi s'en tenir aux sentiers battus ? Pourquoi on est encore dans une taverne avec des bêtises et de la musique pop ? Pourquoi pas de grandes forêts (Aquatic Ruin, Marble Garden), ou encore un casino, où Sonic aurait pu tenté de s'échapper à ses assaillants tel un pinball ? Pourquoi pas plus de tentatives d'attaques de Robotnik tel les jeux ? La chasse de trésor, bien que plus intéressante qu'un road-trip est donc beaucoup trop brève et un peu inexplorée, donnant la place à des fanfaronneries un peu excessives et pas vraiment intéressantes et sans grand rapport.

Et puis, ce qu’on remarque aussi dans l’œuvre, c’est un ton assez enfantin même un peu infantilisant par moments, et surtout que le long métrage avance à un rythme qui est hélas un peu beaucoup trop rapide. Rapidité qui vient un peu empêcher l’immersion voulue dans un film qui se veut d’aventure, ainsi que l’attachement au récit et à ses personnages, malgré les bonnes raisons de leur présence et les idées et thématiques apportées. On dirait que le film a du mal à prendre son temps, à s’arrêter pour permettre un développement plus serein et sincère, et qu’il se dépêche un peu trop pour tout raconter. Ce qui est dommage vu que l’histoire n’est pas dénuée d'intérêt et l’aventure, bien que familière, est bien centrée sur l’évolution des personnages dans leurs habitudes et croyances et comment ils se complètent les uns et les autres.

Tails, le nouvel acolyte, malgré le fait qu’il soit hélas beaucoup trop anecdotique, sa présence dans l'histoire est tout de même bien fondée. On comprend bien qu’il fut un nerd ridiculisé et reclus, vu comme un monstre par la population et qu’il recherche tout simplement un ami. Il voit alors en Sonic une idole, une chance de ne plus être un bizarroïde, donnant ainsi à Sonic dans cette aventure sa leçon d’être plus responsable, de prendre soin des autres, que ce soit de son partenaire ou de ses rivaux, dont Knuckles. Celui-ci, comme Sonic, a perdu l’être qui lui était cher étant petit et cherche à rendre honneur à lui-même et à l’héritage de sa tribu d’échidnés chasseurs par tous les moyens, et ce sans se rendre compte de sa propre naïveté, de son arrogance et de son obsession qui l’aveugle et l’attire dans de mauvais pas dans un monde qu’il ne connait pas. Malgré cet égard, Knuckles réussit à voler la vedette par son désir d’honneur poussé un peu trop loin, son incompréhension du monde moderne rigolote, et il dégage aussi une bonne rivalité/chimie avec Sonic et ainsi qu’avec Robotnik, qui lui est plutôt simple : Il ne grandit pas et cherche tout simplement la vengeance et le pouvoir suprême, toujours en exploitant ses alliés sans s’en soucier. Mais il bénéficie toujours d’être joué par un Jim Carrey toujours excellent et qui donne au personnage sa folie furieuse ainsi que sa méchanceté faite avec fierté et amour qu’on ne peut qu’apprécier.

Donc malgré une certaine simplicité dans la conception et les quelques défauts dans l’exécution, les idées et l’histoire se tiennent et on ressent de la part du cinéaste une certaine passion pour l’univers de Sonic, ainsi que de bons efforts faits, malgré des lacunes dont le manque d'originalité créative, des moments un peu trop juvéniles et le rythme trop rapide qui empêche un attachement aussi fort que l’on voudrait. On a tout de même des personnages animés très beaux, expressifs comme ils se doivent et convaincants de leur présence à l’écran, des effets spéciaux beaucoup plus réussis que précédemment, ainsi qu’une mise en scène beaucoup plus colorée et alléchante, de l’action mieux coordonnée et conçue et plus présente qu’auparavant, donnant en tout un meilleur habillage au long métrage que son prédécesseur, malgré une musique de Tom Holkenborg/Junkie XL (Mad Max : Fury Road, Zack Snyder's Justice League, Sonic le Hérisson) qui se fond un peu trop dans le décor et ne se fait pas beaucoup remarquer (Aucune thème tiré des jeux d’ailleurs).


Mais hélas, l’histoire des films Sonic ne concerne hélas pas que Sonic, mais aussi les Wachowski. Eux qu'on appréciaient et étaient bien intégrés dans le premier film Sonic, là pour le second, on se demande un peu si on savait quoi faire avec eux dans cette histoire. Parce qu'une fois qu’on arrive à eux vers le milieu du récit, on a l’impression de voir un tout autre film pendant 10 minutes : Une comédie hollywoodienne avec infiltration et gadgets (ceux de Tails) se déroulant durant un mariage. Une séquence qui malgré son énergie, n’est même plus mentionnée une fois terminée, mets en pause totale l’intrigue du film lorsqu’elle arrive et n’apporte aucun développement de personnages et aucune exploration du scénario, ce qui fait qu’il aurait mieux valu ne pas l’avoir.

(Rendall, l’homme-à-marier qui pourtant est un agent de l’armée, n'est même pas présent au combat final, alors à quoi bon ?).

On peut comprendre que cette séquence vient un peu illustrer le choc entre le monde humain inepte et l’aventure de Sonic qui met la Terre en jeu, mais ce changement de trajectoire est beaucoup trop soudain et semble tout droit venu d’ailleurs. Un passage qui rend un peu amer le reste du visionnement, malheureusement. 10 minutes de film qui auraient pu être utilisées pour lui permettre de se développer plus, de respirer, et prendre son temps dans l’aventure. Sans oublier d'autres scènes aux changements de ton assez abruptes alternant beaucoup trop entre le sérieux, le décontracté, au point de nous détacher un peu du récit. Heureusement, le film réussit un peu à se rattraper après ça, avec un acte final plutôt bref, mais qui va surtout plaire à ceux qui apprécient l’univers de Sonic. C’est un peu comme si les gens derrière le film étaient eux-mêmes beaucoup plus passionnés et intéressés par Sonic et son histoire, mais ont été obligés d’inclure cette séquence bizarre comme ça.

MISE À JOUR : Après visionnement des scènes supprimées du film grâce à la sortie Blu-ray, on peut constater une thématique, un sous-texte qui servait de fil conducteur principal au long métrage, mais qui a malheureusement disparu dans le montage final, la thématique du mensonge contre la vérité.

On apprend par ces scènes que, comme on le sait, tout commence par Robotnik qui manipule Knuckles simplement pour revenir sur Terre. Et quand il découvre par le biais de ce dernier qu’il existe une source de pouvoir suprême avec l’Émeraude Mère, évidemment Robotnik exploite la naïveté de l’échidné pour atteindre son but de suprématie totale. Robotnik, même s’il accuse légèrement Sonic de mentir, hypocrite comme il est, il n’est rien de moins que le mensonge incarné. En plus de sa fausse alliance avec Knuckles, il utilise une fausse collecte de fonds pour récupérer de l’argent et fabriquer de nouvelles machines, fait croire à son acolyte Duroc à quel point il est important pour lui, tout ça alors qu’il ne fait que manipuler les gens pour atteindre ses objectifs, ses objectifs qu’il finit hélas par atteindre.

Knuckles, lui, ne connait pas le mensonge. Pour lui cela n’existe pas. Il vit de la confiance de ceux qui l’entourent, même quand Robotnik lui-même lui enseigne ce qu’est le mensonge. Il gobe tout ce qu’on lui dit. Il est tellement pris et obsédé par son désir de victoire et d’honneur, et centré à l’idée de retrouver son émeraude et de battre son ennemi pour se rendre compte de sa propre naïveté et du déshonneur dans lequel il s’embarque, prenant Sonic, celui qui cherche à l’aider, pour un traître alors qu’il ne l’est pas.

Quant à Sonic, notre héros, tel un ado, il file en cachette en ville pour l’adrénaline, ment à sa famille pour ne pas avoir à faire la conversation et cache ses aventures qui, sans le vouloir, mènent les autres dans le pétrin. Cela alors qu’il n’a pas d’intention malveillante et qui, toujours tel un animal, il ne veut que s’amuser et voit surtout le bien dans le monde. Mais sa vision de la vérité en est-elle une bonne ? Et même quand il dit la vérité, est-ce vrai ou juste une croyance, une vision de la réalité qui s’avère involontairement fausse ? Comme quand il croit aider la police alors qu’il sait à peine conduire et sème la pagaille en ville, ou la taverne sibérienne qui n'est pas du tout aussi accueillante qu’il le croyait. Ces incertitudes, ces semi-mensonges qui mènent lui et Tails dans un embarras dont ils doivent finalement être vrais envers eux-mêmes pour s’en sortir. Évidemment, Sonic ne peut pas cacher ses histoires longtemps, étant donné qu’il aura besoin de l’aide de Tom et d’autres humains dans son aventure. Dont l’armée américaine qui cherche à capturer Sonic pour le cacher aux yeux du monde, en plus de faire disparaître le nom de Robotnik de toutes leurs données ainsi que les évènements du premier film, tout ça pour la protection de la planète qui elle est très souvent paranoïaque et a peur de l’inconnu.

La vérité, souvent confuse et dure à expliquer mène les héros vers le doute, alors que le mensonge, aussi mauvais soit-il, est assuré, et mène au mal. Par ses mensonges, Robotnik réussit à atteindre son objectif de toute-puissance, mais cela est temporaire car la vérité, incarnée par l’alliance entre Sonic, Tails et Knuckles, une équipe solide et sincère, sans oublier le bon cœur du hérisson, est ce qui va vaincre Robotnik et mener vers la victoire. La vérité finit par libérer nos héros de leurs illusions et de leurs doutes. Ceci est un conducteur intéressant, surtout pour un film pour enfants qui se doit de leur présenter de bonnes valeurs. Malheureusement, cette thématique est beaucoup moins présente, voire même absente dans le film final. Peut-être que Sonic 2 est un cas où le film pourrait bénéficier d’une version longue, mais hélas, on ne peut pas être certain.

Dans l’ensemble, Sonic 2 est un film qui, tel que mentionné, en fait plus que son prédécesseur sur bien des points. Plus d’action, plus d’aventure et de dépaysement, un scénario un peu plus recherché, une mise en scène plus colorée et mieux travaillée, des personnages pas très profonds mais tout de même attachants, mais aussi plus de comédie un peu gênante, un rythme plus voire trop rapide, plus de bêtises enfantines et plus d’excès qui vient plus ou moins affecter le long métrage, dépendamment du degré de tolérance du spectateur envers ces surcroits.

Souvent plaisant, mais aussi déplaisant et confus à d’autres moments, Sonic 2 possède des qualités mais aussi des défauts que le premier n’avait pas, ce qui en fait en soi un film ni mieux, ni pire que son prédécesseur, et qui malheureusement peine un peu à se détacher de ses racines hollywoodiennes qui sont cette fois-ci un peu trop évidentes et plus difficiles à pardonner (sans la narration de Sonic pour les justifier). Un film toujours sympatoche et fun et qui fait tout de même passer un bon moment, un bon hommage aux jeux vidéo adaptés, avec encore une fois une suite prometteuse (à vos risques et périls), mais qui laisse un peu mitigé, vu qu’il aurait définitivement pu être mieux. Pour ce qui est des adaptations de jeux vidéo qui pourraient être géniales, c’est toujours un pas en avant, mieux que ce qu’on a pu avoir dans le passé, mais ce n’est pas encore tout à fait ça.

Pierre_LP
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le 25 sept. 2023

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