"Sonnenallee" lance l'Ostalgie en 1999. Ce phénomène de nostalgie pour la vie dans l'ancienne Allemagne de l'Est (RDA) touche l'Allemagne unie une dizaine d'années après la réunification. Ne vous attendez pas à découvrir la vie des habitants d'un quartier de Berlin-Est. La "Sonnenallee" (L'allée du soleil) longeait le Mur et possédait un poste frontière entre RDA et RFA. Ce n'est ni un film historique, ni même réaliste, mais une comédie nostalgique sur sa jeunesse évanouie.
Le comique de caractère et de situation méprise royalement toute vraisemblance et la vie réelle de l'époque. Le réalisateur retrouve avec plaisir son enfance et sa jeunesse à travers les groupes de jeunes, les relations entre garçons et filles et la musique pop et rock occidentale. De façon plus large, cette comédie n'épargne personne. Jeunes blancs-becs fans des Rolling Stones, leurs familles, les cadres de RDA de cette zone frontière, les visiteurs de RFA venus se défouler à bon compte pour quelques heures... Tout le monde est haché à la moulinette du comique, de la farce, de la dérision douce et de la tendresse nostalgique.
Le jeune héros Michael rêve beaucoup, comme les jeunes et les adultes de son entourage. On échappe au quotidien morne, sans perspectives par les fantasmes. Le visage rongé d'acné, il n'a rien d'un don Juan... Comment séduire Miriam ? Il se vante d'écrire son journal intime depuis l'âge de huit ans à cette poupée Barbie dont il est amoureux. Pour justifier ce mensonge, il réécrit sa vie dans plusieurs cahiers jusqu'à ses dix-sept ans... Purs fantasmes de contrôle : il juge son pays, se dépeint en philosophe de son époque, raconte sa résistance et une tentative d'évasion à l'ouest ! Encore une tentative pour réécrire l'histoire...
La comédie mentionne des faits inévitables dans une dictature communiste : fausse tentative d'évasion de la mère de Michael, un voisin est membre de la Stasi (police politique), un garçon se fait tirer dessus par un garde frontière, etc. Mais tout cela ne prête guère à conséquences quand le comique et le rire l'emportent ! Rêver, c'est déjà ça. Qui pourrait en vouloir à Leander Haussmann ?